Dans le monde des navigateurs, monde à l’origine hostile et incertain, les superstitions étaient monnaie courante!
Partis pour de longs mois sans GPS ni météo, avec des navires certes impressionnants mais qui ne pouvaient pas faire route à des allures proches du vent, les « fortunes de mer » – façon très marine de qualifier drames et incidents – étaient nombreuses.
On aurait du mal à imaginer aujourd’hui prendre la mer sereinement sur la Santa Maria avec Christophe Colomb dans les conditions de l’époque!
Associé à la promiscuité du bord, cette insécurité a facilité l’émergence de coutumes, légendes et superstitions. Et même si les origines de ces coutumes se perdent maintenant dans les eaux sombres des ports, les vieux réflexes sont toujours vivants!
Ainsi il est absolument prohibé d’emporter ces animaux à grandes oreilles qui sautillent et croquent des carottes… Vous voyez exactement de quels animaux je veux parler!
Il est même prohibé de mentionner le nom de cet animal à bord d’un bateau. Toute mention à ces rongeurs ne manquera pas d’envoyer votre frêle esquif par le fond au détour d’une tempête qui se lèvera instantanément au milieu d’une mer d’huile.
Cette superstition remonte – dit-on – à une époque ou les cordages étaient en chanvre et constituaient un met de choix pour les grandes dents de notre animal démoniaque. Le calfatage des planches de la coque des navires étant réalisé en chanvre également, les 20 millimètres d’émail acérés pouvaient aisément envoyer par le fond tout un navire de 25m!
Aujourd’hui, les bateaux de plaisance sont en polyester, les cordages en synthétique et on a plus guère de besoin d’emporter de ces grands rongeurs à bord si ce n’est pour préparer un bon petit plat à déguster au milieu de l’Atlantique avec un pot de moutarde de Dijon!
Les rongeurs peut être pas mais les doudous à leur effigie sont, eux, monnaie courante dans l’univers infantile. Le doudou de Baptiste en est un, il en possède un autre d’un bon demi mètre de haut, sans compter panpan, l’inoffensif compagnon à longues oreilles de Blanche Neige!
Mais la coutume est restée vive et amène le capitaine que je suis à édicter une règle sévère privilégiant les animaux marins aux inopportuns grandes zoreilles!
Evidemment le futur équipage se mutine déjà et il nous faudra trouver des aménagements à la coutume maritime… Ils resteront donc aux fers pendant toutes les navigations (les doudous, pas l’équipage!)
Bon et après tout, il parait que les grandes zoreilles n’y étaient finalement pour rien dans tout ces naufrages et que les rats auraient eu la perfidie de leur transmettre cette mauvaise réputation. Un mauvais coup qui aura permis assurément à ces cousins rongeurs de poursuivre leur maléfique entreprise bien réelle. En effet, il est largement attesté que les rats étaient une vraie peste sur les navires (surtout comme vecteur épidémique)!
Et puis je ne suis pas superstitieux… Ça porte malheur 😉
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