déc 23

Notre transcaraïbes: 3 jours et 4 nuits sans voir la terre

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Nous avions initialement prévu de passer les fêtes de Noël dans les îles Néerlandaises ABC, mais finalement étant données les faibles possibilités de déplacement sans voiture,  le nombre de plage ou aires de jeux limité depuis le mouillage de Curaçao et   la réputation de l’île Aruba pour ses boîtes de nuit, nous avons décidé de ne pas nous arrêter à cette dernière île et de partir avant Noël pour la Jamaïque.

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Nous quittons Spanish Waters en fin de journée pour 3 jours et demi de navigation.

 

Comme je ne voulais surtout pas être en mer pour Noël et que la météo était clémente en cette fin de semaine, nous avons levé l’ancre le 17 décembre juste avant la tombée de la nuit pour nous lancer dans notre première grande navigation de plusieurs jours! C’est donc avec un peu d’émotion et une pointe d’angoisse pour moi que nous avons quitté l’île de Curaçao. Les filles étaient plutôt impatientes de faire cette traversée et avaient participé à sa préparation en m’aidant à cuisiner quelques gâteaux, cakes et pancakes pour la route.

Le départ est marqué par une mer calme, puisque nous sommes protégés des vagues pendant encore quelques heures par la côte, et surtout par les nombreux cargos qui partent et arrivent de Curaçao et Aruba. Nous serons obligés de dévier notre route deux fois pour passer suffisamment  loin de ces énormes bâtiments. J’avoue que je m’en remets à Stéphane pour ce genre de décision, car ce n’est en fait pas évident d’anticiper sur leur trajectoire. Nous nous aidons de leurs feux de navigation (rouge bâbord et vert tribord)  pour deviner leur direction…

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La nuit, nous avons souvent des poissons volants qui atterrissent sur le bateau. La plupart du temps nous les découvrons un peu tard mais celui là a eu un peu plus de chance, il a pu reprendre son vol!

 

Comme lors de nos précédentes navigations de nuit, je prends le premier quart à 22h et nous nous voilà partis pour une succession de relais toutes les 2 heures! Nous voyons le vent et les vagues monter en milieu de nuit dès que nous dépassons la côte de Curaçao. Le vent s’établit à 20-23 nœuds et reste ensuite stable. Nous occupons nos quarts à surveiller les cargos (un tour d’horizon au moins toutes les 15 minutes est indispensable!), le vent, et regarder les étoiles. Nous avons bien conscience que ces moments sont uniques et inoubliables, que nous pouvons faire le plein d’étoiles filantes! Quand Stéphane vient me relayer et que je vais m’allonger dans la cabine, je réalise à quel point le bateau est malmené en navigation. Que de craquements, crissements, et secousses! Depuis que nous ne sommes plus abrités par Curacao, les vagues de 2 à 3m claquent en plein travers sur la structure du catamaran dont nous sentons les floteurs se prendre des chocs monumentaux et dans les cabines nous pouvons presque les sentir se déformer sous ces coups de boutoir! Un catamaran prend les vagues très différemment qu’un monocoque. Il est certes plus stable si les vagues viennent du devant ou de l’arrière mais au travers, le mouvement du bateau est beaucoup moins naturel que sur un monocoque car la vague soulève alternativement une coque puis l’autre et fait faire au bateau une sorte de décollage / atterrissage d’un bon mètre d’amplitude sur quelques secondes. Nous nous habituons finalement à ces mouvements et à ces bruits car il faut faire confiance au bateau et essayer de dormir! Les filles préfèreront dormir ensemble dans le carré. J’ai la chance de profiter du quart qui voit l’aube se lever. Pauline est déjà réveillée et vient profiter du spectacle. Pas de nuage à l’horizon, nous pouvons admirer le halo rose qui annonce l’arrivée su soleil et voir ce dernier apparaître dans toute sa splendeur…

Malheureusement le premier matin, le lever des enfants est moins sympathique car accompagné du mal de mer que nous avions pu éviter jusqu’à présent… Nous nous rendons à l’évidence: le lait au chocolat sera à éviter pour les prochains jours pour Lucie et Baptiste, les enfants n’ont qu’à manger ce qu’ils veulent, quand ils veulent! Pauline dévore alors des crackers et du jambon pendant toute la journée, tandis que Lucie a une préférence pour le pain avec du beurre. Baptiste mange un peu plus de tout. Après avoir pris cette décision, les enfants vont beaucoup mieux et le mal de mer s’estompe au cours de la matinée. Les vagues sont cependant assez grosses (au moins 3 mètres de creux) et il est difficile pour eux de lire, dessiner ou jouer. Pour cette première journée, ils auront le droit à beaucoup de dessins animés, merci Tintin et Disney! Cette super baby sitter nous est d’une grande aide, car pour ma part, je ne suis vraiment pas en forme, et je n’arrive pas à avaler grand chose (je commence à me demander pourquoi j’ai passé du temps à nous préparer des petits plats à l’avance puisque même une pomme ne passe pas!)… Et puis nous continuons les quarts sur le même rythme que la journée, pour tâcher de récupérer de notre nuit hachée… Stéphane en profite quand même pour pécher, et bien lui en a pris , car il nous rapporte deux daurades coryphènes (moins impressionnantes que sa première prise quand même!) et notre premier thon! Mais j’avoue mon estomac n’a pas très envie de sashimis!

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Notre premier thon: 3,5kg

La nuit tombe sur un bon grain qui nous refroidit et finit de nous fatiguer… Nous avons bien réduit les voiles et la bateau avance malgré tout très bien. Nous filons maintenant à plus de 8 noeuds et nous avons pris 2 ris dans la Grand Voile et avons enroulé presque la moitié du génois! Nous allons très vite avec la moitié de surface de voile disponible! Stéphane est réveillé en pleine nuit par un grand fracas: une vague plus grosse que les autres a ouvert le placard dans lequel la vaisselle est rangée, et l’en a fait sortir! Résultat des courses: au moins 5 assiettes, 2 pots de yaourt, et 1 verre en mille morceaux en bas de l’escalier! En dehors de cette mauvaise surprise, la nuit sera calme, sans grain,  et nous pourrons à nouveau profiter des étoiles.

Cette deuxième journée va être un peu plus facile: en milieu de journée, le vent tombe un peu et s’établit plutôt vers 18 nœuds.  La mer est surtout plus calme, et avec l’aide de mes bracelets Sea Band, du Motilium et de Mercalm, mon mal de mer finit par passer. J’arrive à faire honneur au gâteau au chocolat de Lucie pour le goûter! Les enfants passent une après midi calme, entre siestes, jeux et lectures. La nuit se passe à l’image de la journée, tranquillement…

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La vie s’organise en navigation et Pauline se brosse maintenant les dents par le hublot du carré! Pourquoi pas 😉

Cette troisième journée voit le vent tomber. Cela nous arrange bien car la bateau est finalement allé trop vite et nous ne pouvons pas arriver plus tôt que prévu, en pleine nuit. La journée se passe donc tranquillement, sur une mer très calme. En fin de journée, nous rentrons dans le canal entre la Jamaïque et Haïti. Si on m’avait dit que je me retrouverais un jour à cet endroit en bateau, je n’y aurais pas cru! D’ailleurs, jusqu’il y a peu de temps je ne savais même pas que la côte d’Haïti faisait face à celle de Jamaïque…  La nuit se poursuit calmement. On ne croise finalement très peu de cargos, nous avons dépassé le port de Kingston un peu plus tôt. Stéphane a réajusté la route pour que l’on n’arrive pas trop tôt.

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J’ai l’impression que le soleil met plus de temps que d’habitude à se lever! Vers 8h00, nous mettons en route le moteur car il n’y a vraiment plus de vent. Nous voyons maintenant bien la côte Jamaïcaine, enfin!! L’entrée dans le port est bien balisée, heureusement car le passage est très étroit. La fin du voyage est un peu bousculée par un petit détail qui peut avoir son importance sachant tous les contrôles sanitaires qu’il y a à l’arrivée. En effet, nous réalisons qu’une brique de lait stockée sous la couchette de Baptiste s’est percée et vidée à moitié. Il en ressort une odeur nauséabonde qui ne peut passer inaperçu! Nous devons tout vider, nettoyer à l’eau de Javel, faire sécher le fond de la cale, ainsi que tout ce qui était stocké à côté. Et évidemment, une bonne pluie se met en même temps à tomber! Nous en venons à bout juste au moment où nous arrivons devant la marina. Quelqu’un nous fait signe de nous amarrer au ponton, passage obligatoire pour le passage sur le bateau d’un certain nombre de personnes:  contrôle sanitaire, clearance, immigration etc…

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Nous savourons un bon plat de pâtes à l’arrivée! Et tournée de daurade coryphène à la poêle pour les grands!

En tout cas, ce premier mouillage en Jamaïque promet d’être très sympa car nous mouillons pour la première fois dans une marina et pouvons profiter des douches, du wifi et de la piscine!! Nous sommes très heureux d’être arrivés, d’être venus à bout de cette traversée (certes modeste, mais c’était notre première!), et de pouvoir maintenant profiter de notre nouvelle escale où nous allons passer Noël!

Et finalement cette transcaraibes, c’était pas la mer à boire 😉

déc 17

Dans l’attente de Noëll

Avec le soleil, la mer et la chaleur, on a du mal à y croire, mais malgré tout, Noël arrive à grands pas! Depuis plusieurs semaines, nous croisons des décorations et sapins de Noël à chaque coin de rue, que ce soit à Grenade, aux Roques, ou à Bonaire

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Ce sera pour nous notre premier Noël loin de notre famille, juste tous les 5. Les enfants sont aussi impatients que lorsque nous sommes à Paris.

Depuis le 1er décembre, grâce au calendrier de l’Avent, cette attente devient plus concrète.

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Malgré le peu d’espace restant disponible sur le bateau, nous avons réussi à installer un mini sapin (trouvé à Bonaire) avec des guirlandes clignotantes (que l’on allumera très peu, économie d’énergie oblige sur le bateau!), ainsi qu’une mini-crèche…

 

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Il restait encore une grande inconnue: où serons nous à Noël? Dans un premier temps nous pensions rester dans les Antilles Néerlandaises mais nous serons finalement probablement en Jamaïque!

déc 17

Curacao, un style architectural surprenant au coeur des Antilles!

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Curacao est la plus peuplée de toutes les îles néerlandaises de la Caraïbe. C’est aussi celle qui propose la plus grande des villes Wilemstadt qui se divise en 2: Punda au Sud et Otrobanda au Nord. Les 2 quartiers de la ville sont séparés par un large chenal marin qui rentre profondément à l’intérieur des terres et définit une vaste étendue d’eaux intérieures largement utilisées par les industries de l’île et son commerce maritime.

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L’île est encore aujourd’hui une plaque tournante du commerce vers le continent Sud Américain.

Il en a d’ailleurs été ainsi par le passé et durant la triste période de l’esclavage pendant laquelle l’île servait de comptoir aux européens pour le commerce des êtres humains vers l’Amérique du Sud.

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Le développement économique de lîle est allé de pair avec une conception plutôt occidentale de l’architecture. Le résultat est très étonnant et coloré. Le centre ville de Willemstadt est assez agréable. Ce défilé de façades baroques et colorées a été classé patrimoine mondial par l’UNESCO.

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L’emblématique pont flottant réunit Punda et Otrobanda tout en laissant passer les navires en s’ouvrant intégralement de temps à la demande des bateaux qui entrent dans le port. Ce pont flottant réservé aux piétons est également très étonnant dans sa conception. Il repose sur une dizaine de petites barques solidaires du pont et est propulsé à son extrémité par une dernière barque équipée d’un moteur. Le tout est relié au quai à l’autre extrémité par une grosse charnière.

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A Punda, on trouve également le marché flottant, très célèbre. Il faut avouer que l’appellation est un peu abusive. en réalité, le marché ne flotte pas vraiment en lui même mais il s’agit plutot les bateaux des commerçants qui flottent et sont amarés au quai où sont disposés des stands fixes en dur.

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Tous les bateaux qui viennent ici pour alimenter ce petit marché de fruits et légumes sont Vénézuéliens. Compte tenu de la différence de tarif des fruits au Vénézuela et à Curaçao, je pense que ces maraîchers ne sont pas à plaindre! Nous retrouvons les mêmes produits frais qu’aux Roques, mais 10 fois plus cher…

Curaçao est aussi une île très riche, probablement une des plus riches de toutes les Caraïbes et l’on croise fréquemment de belles voitures. Le lieu où nous avons jeté l’ancre: Spanish Waters, est bordé de villas incroyables et d’un superbe golf dont on imagine le cout d’entretien compte tenu de la sécheresse globale de l’île.

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Un des corolaires de ce niveau de vie est la difficulté de se déplacer à pieds ou en transport en communs ici. Les bus existent mais ils sont très peu fréquents.

Nous l’avons appris à nos dépends en arrivant quand il a fallu aller faire les formalités à Punda soit 10km de l’endroit où nous mouillons. J’ai terminé mon trajet à pieds et en stop pour apprendre une fois à destination qu’il fallait revenir le lendemain car le service d’immigration voulait voir toute la famille…

Depuis nous avons récupéré les horaires du bus qui ne passe que… toutes les heures!

déc 17

Préparation pour la plus grande traversée de notre voyage: en route vers la Jamaïque!

Ce jeudi nous partons pour la Jamaïque. Il s’agira de la plus longue navigation de notre périple. 3 jours et demi selon nos estimations. Evidemment quand on a un programme de transatlantique ou de tour du monde, 3 jours et demi c’est vraiment une petite navigation mais pour nous, cette traversée occupe une bonne place dans nos esprits. En particulier la capitaine en second m’en parle depuis… 3 ans au moins!

Nous avons finalement décidé de ne pas faire escale à Aruba, la dernière des îles ABC. En effet, nous avons un programme chargé au Nord de l’arc antillais et toute semaine est bonne à prendre! De plus, en lisant les guides, nous n’avons vu à Aruba, ni paysage ou ville exceptionnellement attractif, ni mouillage sympathique d’ailleurs, le mouillage habituel étant en bout de piste de l’aéroport…

Comment prépare-t-on un long bord?

Coté vie à bord de l’équipage, il faut préparer 4 jours de choses faciles à manger et déjà cuisinées. Si on peut imaginer pouvoir faire un plat de pâtes dans une mer calme, une navigation n’est pas non plus adaptée à la préparation de grands festins. C’est également pour cela que nous avons prévu de ne pas être en mer pour Noel.

Par ailleurs, la mer peut être mauvaise et il faut dans ce cas privilégier des choses simples à grignoter: pain et fromage, crackers, biscuits, gâteaux, cakes, …

Côté navigation, c’est un peu plus complexe que de naviguer sur de courtes distances car il faut considérer la météo et son évolution tout au long du trajet. En ce qui nous concerne, nous sommes dans une zone météo plutôt simple. En gros le vent est globalement Est avec des tendances Sud Est et surtout Nord Est en cette saison lorsque l’on remonte au Nord de la Caraïbe.

Choisir le moment du départ reviendra donc à vérifier que l’on ne tombe pas dans une zone/période sans vent (on dit une molle) et vérifier que le vent est bien orienté à l’Est. Un coup d’œil à la hauteur des vagues dans la région permettra également d’avoir une idée de la  navigation qui nous attend et éventuellement de retarder le départ si les vagues sont trop hautes.

L’allure à laquelle on navigue a aussi beaucoup d’influence sur le confort de la navigation. Si l’on est travers au vent (vent à 90° du bateau) ou en vent arrière, le bateau avance très bien et on est globalement dans le même sens que les vagues. Si le vent est sur l’avant du bateau, on parle de navigation au près. Cette navigation se fait contre les vagues et est donc bien plus agitée. Qui plus est les catamarans remontent assez mal le vent.

Pour la navigation de demain, le vent est Est Nord Est et nous allons globalement au Nord Ouest. Nous aurons donc le vent sur l’arrière du bateau ou au travers. Il s’agit d’une allure très confortable. Des étapes plus difficiles point de vue allure nous attendent (notamment notre route Est au Sud de Cuba).

Une possibilité aussi pour tracer une route en fonction de la météo est d’utiliser un ordinateur et un logiciel de routage.

Pour résumer, on rentre dans le logiciel le fichier de l’évolution météo que l’on a téléchargé (fichier grib), on rentre les paramètres du bateau (on parle de polaire), le point de départ et d’arrivée et le logiciel trace tout seul la route en fonction du vent, de son évolution et des possibilités techniques du bateau.

Pour notre navigation, j’ai utilisé le logiciel qtVlm qui est gratuit.

Il m’a fallu reconstruire la polaire de Ysun à partir d’informations que j’ai trouvé sur le web et de notre expérience.

Une polaire c’est un graphique ou une série de données qui donne, en fonction de l’angle du vent et de sa force, la vitesse atteignable par le bateau.

Ci dessous par exemple, la polaire de YSUN à 20 noeuds de vent (au près elle doit être un peu pessimiste…). On voit clairement que la vitesse est la meilleure entre 75° et 150° du vent. entre 160° et 170° l’allure n’est pas tenable (il faudrait un spi) et à 180° soit en vent arrière, Ysun fonctionne très bien.

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Le logiciel nous sort une trajectoire pas vraiment révolutionnaire par rapport à la ligne droite mais on voit tout de même quelques inflexions dans la trajectoire qui correspondent à des modifications locales de vent pour lesquelles la route en ligne droite nous ferait aller moins vite car avec des angles de vent que le bateau ne peut pas tenir.

 

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Chose intéressante, on paramètre également le logiciel de routage avec le critère de démarrage du moteur. En gros, en dessous de 3 noeuds de vitesse sous voiles, nous allumons un moteur et atteignons la vitesse de 5 noeuds. Charge alors au logiciel de calculer quand il est plus opportun d’allumer les moteurs. En l’occurrence ici, nous allons à Port Antonio au Nord Est de Cuba et nous devrons terminer les 4 dernières heures au moteur.

Le logiciel permet d’estimer avec plus de précision l’heure d’arrivée et donc de partir à la bonne heure pour avoir les bonnes conditions de luminosité.

Dans notre cas, nous partirons de Curacao à la tombée du jour pour arriver à Port Antonio au lever du jour 4 jours plus tard. Ce raisonnement permet aussi d’avoir une réserve dans le cas où nous avançons plus lentement que prévu et de ne pas arriver du nuit.

Si tout va bien nous fêterons Noel au pays de Reggae.

YAPLUKA!

déc 16

La petite souris est passée sur le bateau pour Lucie

 

Et oui, les enfants continuent de grandir et il y a une semaine, Lucie a perdu sa première dent! Elle en était évidemment très fière! Il faut dire que cela faisait un moment qu’elle bougeait…

La petite souris est passée, et a eu la bonne idée d’apporter un nouveau livre, ce qui permet à Maman de varier les plaisirs de l’histoire du soir…

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La dent voisine commence à bouger, prochain passage de la petite souris prévu dans quelques semaines…

déc 15

Vie et mort d’un intru des caraïbes ou l’écologie au harpon pour nourrir les tortues

La première fois que j’ai vu un poisson lion c’était en Martinique aux Anses d’Arlets. J’ai trouvé ce poisson curieux, magnifique, majestueux, avec une façon de se déplacer dans l’eau très lente et prenant facilement la pose pour la photo.

Ce n’est qu’en troquant les palmes contre ma souris que j’ai appris que ce poisson à longues épines venimeuses n’était pas à sa place dans les Caraïbes. Que ses larves aient été portées par les courants ou qu’il se soit échappé des aquariums de Floride à la faveur d’un ouragan, il trouve sa place en Asie où il a quelques prédateurs. Dans la Caraïbe, il n’en a pas et non seulement il a une fréquence de reproduction très élevée mais il est très vorace et fait de gros dégats sur les récifs.

Aux Roques, au club de plongée, on trouve même une affiche officielle expliquant comment l’attraper et comment… le cuisiner!

En effet, les autorités, y compris américaines, n’ont pas beaucoup plus d’idées pour l’éradiquer alors ils essayent de mettre ce poisson au menu.

En France on est beaucoup plus timides et je me souviens avoir vu une affiche demandant de signaler tout poisson lion au premier club de plongée sur la route, seul habilité à se débarrasser de cet envahisseur… Hum… Le poisson a le temps de continuer à se nourrir sur le récif en toute tranquillité… Il faut dire que ses épines sont venimeuses donc probablement principe de précaution toussa toussa…

Alors à Klein Curacao lorsqu’en chassant le déjeuner, un de ces poissons épineux s’est trouvé dans la ligne de mire de mon harpon, je n’ai pas hésité une seconde d’autant que c’est un des poissons les plus lents que je connaisse (le poisson perroquet est bien plus rapide par exemple!)

En évitant soigneusement de toucher ce venimeux poisson, je le rapporte sur Ysun pour que les enfants l’observent agonisant (gniark, gniark). Oui mais vous voyez les enfants ça c’est un méchant poisson! On l’invite pas au repas!

Je le jette alors par dessus bord et j’ai la belle surprise de faire le bonheur d’une toute petite jeune tortue qui passait par là!

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S’en suit alors 10 minutes de festin de la tortue et de quelques autres poissons “bien de chez nous”.

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La tortue avait le dessus sur les autres invités au repas mais elle avait un inconvénient de taille, il lui faut aller respirer à la surface et donc tracter sa proie avec son bec, la lâcher dans son inspiration, replonger et se saisir de nouveau du repas que je lui avait servi. Sans se le faire voler par ses concurrents!

Je l’observe faire à quelques centimètres car elle n’est absolument pas farouche et fonce même sur l’objectif de mon appareil photo!!

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Voila, un poisson lion de moins et une tortue heureuse! C’est facile l’écologie du récif finalement!

 

déc 15

Klein Curacao, notre escale buissonière

Nous repartons de Bonaire après 5 jours passés sur la bouée. Direction, Curacao mais notre bateaucopain Silverland nous a prévenu, il ne faut pas manquer Klein Curacao, une toute petite île aux 2/3 de la route en venant de Bonaire.

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Encore une fois, nous ne serons pas tranquilles ici au regard du droit maritime car ce territoire appartient à Curacao et nous n’aurons pas fait le fameuse “clearance” qui nous permet d’entrer bateau et passagers en tout légalité sur le territoire de Curacao.

Et pour cause, pour être en règle il faudrait aller à Willemstadt sur Curacao puis revenir ici contre le vent et les vagues… Nous nous offrons une entorse au règlement, ce ne sera pas la première (nous étions dans la même situation à Blanquilla et aux Aves par exemple).

Nous nous disons que si nous croisons un bateau de gardes côtes nous leur expliquerons que nous étions fatigués ou malades… Bon et puis on pourra bien rester quelques jours avant de voir quelqu’un ici…

Manque de chance, on pas vraiment eu l’occasion de leur expliquer tout ça, leur hélicoptère étant descendu le soir même faire du rase motte derrière YSUN probablement pour en faire une belle photo… Grillés… Top chrono, on a 24h pour faire les formalités…

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Dommage car on serait bien restés un peu plus sur cette petite île. Le sable parfait comme la couleur de l’eau, un bon potentiel de poissons à chasser au harpon et une bonne accroche pour l’ancre même si la profondeur descend assez rapidement comme partout dans la région.

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A terre nous ne sommes pas réellement seuls et l’île est loin d’être déserte. En fait, l’île est une destination de choix pour les touristes à Curacao qui prennent le bateau le matin et en repartent le soir pour une journée en “all inclusive”. Ceci dit, nous arrivons à l’heure où ils embarquent tous pour rentrer à Curacao et il nous reste encore beaucoup de temps pour profiter de l’île pour nous 5! Magique!

Une grande tour a été construite pour les visiteurs, elle permet d’avoir un superbe point de vue sur le vieux phare abandonné mais dont la lumière fonctionne toujours et signale l’île aux navires qui croisent au large.

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Les enfants ont beaucoup apprécié ce sable d’une finesse extraordinaire.

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déc 15

Balade au milieu des cactus et des flamands roses dans le parc national de Bonaire

Le flamand rose est l’emblème de Bonaire, on le trouve sur les plaques d’immatriculation, dans les magasins de souvenirs et un peu partout dans l’île sous des formes diverses et variées. La période aidant, il arborait facilement un bonnet de père noel dans les échoppes pour croisiériste.

Mais c’est évidemment dans le parc naturel de Bonaire que l’on peut le mieux observer ce superbe oiseau.

Passons d’un revers de la main sur les choses désagréables comme le fait de devoir payer 25$ par adulte (ouf, les enfants sont gratuits), le droit d’entrée dans le parc. Mais la visite vaut largement le détour et c’est avec un petit pickup loué à Kralendjk que nous avons parcouru les 20km de piste qui permettent de faire le tour du parc .

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La première “saline” est la plus grande et c’est aussi celle dans laquelle nous avons pu le mieux observer ces coquets volatiles.

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Ce sont des oiseaux superbes à observer mais dont le ramage ne se rapporte pas vraiment au plumage! En effet, dès que nous approchons, nous percevons leurs cris très semblables à ceux des oies.

Les flamands roses se laissent un peu approcher mais d’assez loin et lorsque la distance se rétrécit, ils prennent assez vite la fuite calmement en marchant.

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Ou encore en déployant leurs ailes et en faisant de grandes enjambées sur l’eau ce qui a fait dire aux enfants qu’ils marchaient sur l’eau.

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A l’image de Bonaire, le reste du parc est très désertique et les cactus prévalent dans un paysage très lunaire par endroits.

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Dans les cactus vivent de nombreux oiseaux que nous pouvons apercevoir assez facilement depuis le pickup:

 

de nombreux perroquets (Amazones à épaulettes jaunes sur la photo) qui se postent sur le haut des cactus.

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Un Caracara Huppé, un rapace de la famille des faucons.

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Le parc abrite aussi le point culminant de l’île, le Brandaris qui fait 241m de haut.

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La côte très découpée plonge ses couleurs ocres et grises dans l’eau turquoise tandis que des cactus de plusieurs mètres de haut se dressent au dessus du rivage. C’est magnifique!

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Au détour d’une autre saline, des flamands roses s’enfuient à tire d’aile sentant notre présence.

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Mais les animaux que l’on croise le plus souvent sont les chèvres sauvages.

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Nous terminons notre tour du parc Washington Slagbaai par des perspectives époustouflantes sur le Brandaris qui se reflète dans la saline Slagbaai alors qu’un aigrette avance majestueusement dans l’eau calme au milieu des cactus.

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déc 15

Bonaire, retour dans une petite Europe après les Roques et les Aves

Nous arrivons à Bonaire, la première des îles dites ABC comme Aruba, Bonaire, Curaçao.

Depuis notre départ nous avons visité des pays qui, sans être franchement pauvres, n’avaient pas le niveau de vie de l’Europe comme peuvent l’avoir les Antilles Françaises ni la même culture. Ici, nous sommes presque de retour dans la Vieille Europe!

Aruba, Bonaire et Curacao sont les Antilles néerlandaises et à l’instar de notre Martinique et notre Guadeloupe, elles ont des liens très forts avec les Pays Bas à commencer par le niveau de vie et la culture 100% occidentale. en revanche, contrairement à la Martinique et à la Guadeloupe, ce ne sont pas des départements rattachés administrativement à la Hollande. L’indépendance est réelle depuis plusieurs dizaines d’années car elles faisaient parties d’un pays, le pays des Antilles Néerlandaises qui a été dissout depuis quelques années. Les 3 îles ont maintenant des statuts différents (et complexes) vis à vis du Royaume des Pays Bas auxquelles elles sont rattachées pour le meilleur et pour le pire peut être si l’on en croit les revendications d’indépendance totale que l’on lit sur des pancartes dans les rues.

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Les différences se traduisent également dans la monnaie et le Guilden ou Florin néerlandais a cours à Curaçao mais plus à Bonaire qui est passé au 100% Dollars US depuis quelques mois. Notons au passage qu’alors que nos tickets de caisses de l’hexagone indiquent encore la contre valeur un Francs, abandonné depuis plus de 10 ans, les tickets de caisse de Bonaire n’indiquent plus que des dollars. Des gens adaptables!

La population des 3 îles ABC est un vrai patchwork d’origines très diverses, asiatiques, émigrés des Pays bas, afro-américains, sud américains. La différence est vraiment bien vécue ici et a même donné lieu à l’émergence d’un créole plus proche dans l’esprit de l’Espéranto tant il mélange Français, Anglais, Espagnol, Néerlandais.

Bonjour se dit “Bon Bini” en papiemento mais on l’entend aussi souvent en espagnol: Bon Dia.

Bonaire n’a pas la réputation d’être une île qui développe particulièrement la plaisance ou tout au moins l’accueil des plaisanciers. Cette réputation vient probablement de l’espace réservé aux plaisanciers sur lîle. En gros en abordant les côtes de Bonaire vous n’avez que 2 choix: la cossue Marina de Village Harbour et une bouée payante gérée par cette même marina. Il est totalement interdit d’y mouiller son ancre où que ce soit sur le rivage!

Quand on arrive d’un lieu aussi fantastique que les Roques où l’on a l’embarras du choix pour des mouillages tous plus sauvages et magnifiques les uns que les autres, ça fait un peu râler le capitaine… Bon, les bouées sont tout de même bien situées:

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Même si la capitaine en second avait hâte de retrouver un peu de civilisation occidentale, j’avoue que je me sentais mieux aux Roques ou l’on avait qu’à mettre une ligne à l’eau pour avoir du poisson… Au mouillage, on ne pêche plus à la traîne et évidemment interdiction absolue de chasser au fusil à Bonaire… On aurait même théoriquement dû laisser le harpon à la douane et le reprendre en partant!

Bonaire et ses 12000 habitants ont 3 activités économiques principales: le sel, les paquebots de croisière et la plongée.

L’exploitation du sel occupe tout le Sud de l’île avec de lourdes installations industrielles et d’énormes tas de sel attendant leur chargement dans de gros vraquiers.

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Les paquebots de croisière quant à eux doublent la population de l’île l’espace d’une journée et déversent dans les magasins de souvenirs de hordes de touristes dûment étiquetés avec le nom de leur bateau autour du cou (prière de mettre ledit touriste dans la boite aux lettre s’il rate le départ de son bateau).

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La plongée, enfin, est organisée de manière quasi industrielle. On trouve des dive shops et des dive resorts à tous les coins de rue de la capitale. Il faut dire que les eaux sont cristallines et les coraux en très bon état. Système PADI oblige, le ticket d’entrée pour une plongée dépasse 100$ et je me contenterai du snorkelling qui est excellent également. Même sous le bateau on trouve un tombant de corail où évoluent de gros tarpons, des sergents majors, des anges, des poissons chirurgiens,… On croise même des plongeurs à quelques mètres de notre bouée!

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Tout autour de Bonaire et de Klein Bonaire, on trouve des bouées jaunes avec le nom du site de plongée. Un bout est accroché à la bouée et il suffit d’amarrer son annexe au bout pour partir en exploration sur le site sans que l’annexe ne bouge d’un centimètre. C’est très confortable, même en snorkelling.

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En snorkeling on trouve de superbes coraux

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Et j’ai eu la chance de tomber sur 2 anges français de plus de 50cm de long qui évoluaient tranquillement sur le récif.

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Mais Bonaire a aussi ses mauvais cotés et je crois que l’aspect mercantile en est un! D’abord, tout est très cher ici: la plongée, la bouée obligatoire, l’entrée au parc national, le carburant à la marina,… Mais la palme en la matière reviendra à ce bar en bord de mer, le Karel’s qui diffuse de la techno à plein tubes juste à coté des bateaux et qui dispose d’un accès wifi. Nous prenons un coca pour pouvoir faire un peu de wifi et on nous dit tout simplement que prendre une boisson ne permet plus d’avoir le code, il faut prendre un repas complet (prix parisiens évidemment!). J’ai finalement réussi à récupérer ce code à la table à coté de la notre qui avait pris une assiette. Ce code est “nomoredrinks3011”… No comment…

Au final ce qui est surtout agréable à Bonaire c’est que tout est concentré à Kralendijk, la capitale et que beaucoup de choses sont accessibles à pieds depuis le mouillage à quelques minutes d’annexe.

déc 05

Poisson Royal! Notre plus belle prise à ce jour!

Nous sommes partis de Gran Roque ce lundi 1er décembre direction Las Aves. Nous mettons les lignes à l’eau car maintenant nous doublons nos chances de prendre du poisson et positionnons 2 lignes de traine. Alors que la première ligne est au bout d’une belle canne à pêche flambante neuve en bonne et due forme, la seconde ligne est un simple fil de pêche que je noue au poste de barre. Simple mais ça fait le boulot! Quand elle mord, je remonte à la main avec, certes un peu de démêlage à faire surtout en vent arrière.

Nous retraversons l’archipel des Roques un peu au Nord direction les Aves. Rien à signaler côté pêche si ce n’est quelques barracudas que nous nous refusons encore à manger (même si en théorie là où nous sommes les risques de ciguatera sont très faibles et tous les Venezueliens mangent du barracuda).

Nous nous occupons d’autre chose, puis je pense à contrôler ma ligne babord qui ne fait aucun bruit en cas de prise car il n’y a pas de moulinet. La ligne est prise, il y a un poisson au bout.

Je tire machinalement pour remonter la prise mais il me faut mettre des gants de jardinage pour ne pas me couper à la ligne tant elle est tendue! Le poisson est gros ou combatif, ou les deux!

Au fur et à mesure de la remontée de la ligne la silhouette se dessine: une belle nageoire caudale bleue, une grosse tête et un corps entièrement vert, et de bonne taille. C’est une daurade coryphène, un beau poisson pélagique et un peu la reine des prises à la traîne dans le coin!

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A ce moment je n’ai qu’une crainte c’est qu’elle s’échappe. Je ne fais plus l’erreur de remonter le poisson à bord au bout de la ligne ce qui passe pour des petites prises mais qui a abouti à la perte de la prise quasi systématique dans le cas des poissons un peu gros. Anne va chercher un grand manche d’outil de jardinage que j’ai équipé d’un bon croc et finit de ramener la prise à bord par les ouïes. Ca y est nous avons pêché. Le poisson débat tout ses puissants muscles en donnant des coups dans le bateau. Une rasade de Rhum dans les ouïes et notre belle daurade fait un pas de plus vers nos assiettes.

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C’est vraiment une très belle prise! Nous appelons Baptiste pour mesurer la taille de la bête et confirmons notre première impression, elle fait plus d’1 mètre et pèse un peu moins que notre petit mousse, nous dirons entre 12 et 13kg (Baptiste en pèse 15).

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Je vais mettre une bonne heure à la préparer, l’écailler, la vider, lever les filets (oui, aucune chance de la rentrer entière dans le four ou dans la casserole!!). Sa chair est excellente, même crue en sachimi c’est un régal. Nous avons maintenant au moins 4 kg de filets de poisson dans le frigo et en mangerons à tous les repas en espérant que nous en viendrons à bout et que nous en pêcherons de temps à autre car c’est meilleur que le pagre ou le thazard!

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