mar 22

Un safran tout neuf à tribord et des voiles révisées

Après le canal de la Mona, nous sommes donc arrivés au Sud de la République Dominicaine quelques jours avant notre rendez vous avec mes parents. Ces quelques jours ont été mis à profit pour passer à la marina de Casa De Campo où nous attendait notre tout nouveau safran venu de France par avion ainsi que le très efficace Philippe, contact technique de notre loueur ici qui a réglé nos petits soucis techniques en un rien de temps.

En ce qui concerne le safran, pas besoin de mettre le bateau hors de l’eau contrairement à ce que beaucoup (dont moi) pensaient au départ. 8 vis à desserrer, 2 axes à chasser de ce qu’il restait de la mèche en place et nous avons pu libérer ce tronçon d’axe en inox de 50 cm, tout ce qui reste de notre ancien safran dont la pelle doit peupler maintenant les abysses au beau milieu de la mer des Caraïbes.

Je n’ai même pas eu le temps de prendre en photo le nouveau safran car j’ai participé à sa mise en place et j’étais absorbé par la manip. En tout cas, cela fait plaisir de retrouver un bateau qui dispose de ses 2 safrans. Nous avons tout de suite pu constater la différence à la barre. Je comprend maintenant pourquoi notre pilote automatique consommait beaucoup en navigation. Le manque d’un safran forçait le vérin du pilote à corriger sur l’autre gouverne. Cela expliquait probablement aussi les 5 degrés d’écart au près sur tribord amure.

En ce qui concerne les raisons de la perte du safran, la corrosion est probablement la responsable de sa perte ainsi peut être qu’un défaut interne dans l’inox. Sans être expert, en regardant la façon dont la mèche s’est rompue, on distingue une masse corrodée,  grumeleuse, poreuse et grise à l’intérieur du métal, comme si un métal d’un type différent avait été inclu dans l’inox à la fabrication. C’est ce genre de chose qui est très difficile à prévoir et détecter! En tout cas, heureusement qu’un catamaran dispose de 2 safrans!

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Pour le reste, nous avions signalé à Punch Croisières quelques points des voiles qui commençaient à se déchirer au dessus des bosses de ris sans forcément être urgent, il était cependant important de les reprendre avant que cela ne s’aggrave. Nous avons donc laissé nos voiles à Casa De Campo quelques jours afin qu’elles soient révisées en voilerie. Nous avons donc navigué quelques jours sur un voilier… sans voile… Au milieu des grands catamarans, toutes voiles dehors, en visite à l’île Saona, avec 25 noeuds de vent au portant, c’est un peu rageant mais nous avons maintenant des voiles sans problème et un bateau révisé à fond avant d’aborder la deuxième partie de notre aventure.

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Entre le changement de safran, la dépose des voiles et leur remise en place, nous n’avons pas passé plus de deux fois 5h à quai à la marina de Casa De Campo. Heureusement car en comparaison avec la marina de Puerto Bahia en baie de Samana, Casa De Campo ne nous a pas donné une envie folle d’y rester. La marina est ce qu’on pourrait appeler un “guetto de riches”. Avec Ysun, nous sommes presque ridicules entre les méga Yatch de 100 mètres ou plus qui attendent ici que leur propriétaire vienne faire un tour en mer ou quelques rares voiliers immenses. Nous croisons mème le skipper d’un Fountaine pajot de 60 pieds, un day boat, sans aménagement intérieur, habituellement exploité commercialement pour emmener plusieurs dizaines de touristes à la journée mais aménagé en l’occurrence pour un seul et même propriétaire qui parcours occasionnellement 5 miles pour aller à Catalina, l’île voisine.  Un 60 pieds qui ne pourra jamais parcourir plus de 10 miles car il n’est fait que pour la navigation de jour… Une autre conception de la plaisance…

La marina en tant que telle est immense. Elle dispose de centaines de places et fait partie d’un vaste complexe de villas, d’appartements, de cinémas, supermarchés, boutiques de luxes et bijouteries qui offre également 3 golfs à ses riches propriétaires. On ne s’y promène qu’en voiturette de golf d’ailleurs, y compris sur les pontons qui sont suffisamment larges et longs pour que ce mode de déplacement soit indiqué! Et avec tout ça, pas une piscine pour que les enfants aillent faire un tour pendant les travaux sur le bateau!

Mis à part ce luxe tape à l’oeil et l’efficacité des “marineros” qui débarquent sur votre bateau en annexe pour gérer les amares à votre place (!), rien qui ne puisse vraiment nous donner envie de rester. Nous n’y avons rencontré aucun autre équipage en grand voyage et tout juste avons réussi à retrouver le ponton où était amarré Sonate, bateau de Bernard et Maryvonne, rencontrés la veille au mouillage de Bayahibé. Sur les pontons, tout parait vide, démesuré et… pas vraiment pour nous…

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En sortant de la marina, nous croisons un yatch de 150 mètres de long avec son porte hélicoptère et un rangement dans la coque pour son “annexe” de 12 mètres et 600cv! Nous retournons vers le mouillage de Bayahibé qui sera notre “port d’attache” pour quelques jours. Avec plaisir nous retrouvons son ballet de catamarans qui amènent les touristes à l’île Saona, ses sound systeme qui nous envoient leur musique et son ambiance joyeuse et anarchique de plage populaire. Les ultra riches ne savent pas ce qu’ils manquent!

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mar 09

Baleines au départ, record de pêche à la sortie, trop facile la Mona!

Nous avions donc décidé de partir ce samedi 7 Mars de Samana, direction le Sud de la Rep Dom.

A raison de 2 fichiers gribs par jour téléchargés grâce à mon forfait data Rep Dom, il faut dire que je surveillais les fenêtres plutôt frénétiquement! D’ailleurs, de plutôt confortable, étendue géographiquement et temporellement aux prévisions d’il y a 5 jours, la fenêtre de ce week end s’est progressivement réduite à la fois en durée et en étendue géographique. Mais la fenêtre y était toujours et se refermait dès lundi pour au moins une semaine si on en croyait les prévisions. Je prend donc la décision de partir ce samedi.

Les prévisions donnaient une “molle” de 10-15 N en sortie de baie de Samana pour Samedi entre 10h et minuit, puis un renforcement des vents dans cette zone à 18 noeuds établis qui devaient nous accompagner jusqu’à la fameuse zone de désordre de houle et de courants que nous passerions en fin de matinée dimanche. Au Sud de cette zone le vent mollis alors vers 10 nœuds en journée de dimanche, parfait pour nous permettre de rejoindre tranquillement le Sud.

Je choisis délibérément d’ignorer les conseils du guide de navigation Passage South qui recommande de serrer la côte Sud de la baie de Samana, de déborder Cabo Engado à l’Est au moteur et de faire ensuite route au Sud dans la zone complexe. Si nous faisons ça, nous nous débordons à l’Est au moteur au mauvais moment et au mauvais endroit. En effet, il eût fallu affronter houle erratique et vent de 20 Noeuds établis en pleine face au moteur. La fenêtre météo n’était pas compatible avec cette stratégie. Nous profitons de l’accalmie relative au Nord de la zone pour gagner à l’Est au moteur puis, dès que nous pouvons, nous fonçons plein Sud travers au vent, allure la plus agréable pour passer le passage houleux dans les 20 noeuds établis prévus.

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C’est particulièrement satisfaisant quand une stratégie météo se valide sur le terrain et se révèle exactement conforme aux prévisions, et ce fut notre cas!

Au départ de Samana samedi vers 12h, nous disons au revoir à nos amis Quebequois Denis et Louise sur D’Artagnan et Doris et François sur Amélia.

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Comme on dit au Quebec, on a des “papillons dans le ventre’” (merci Mélanie pour l’expression!) au moment de s’élancer.

Un dernier coup d’oeil sur le mouillage de Santa Barbara de Samana et son célèbre “pont pour nulle part”, réalisation du dictateur Trujilo reliant des îlots inhabités! La promenade est néanmoins très agréable.

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Nous débutons par une navigation au moteur, face à un vent quasi nul pour sortir de la baie de Samana. Nous assistons à un spectacle grandiose. C’est la pleine saison des baleines à Samana et elles sont bien là au rendez vous! Nous observons leurs puissants jets d’eau régulièrement autour de nous et pouvons nous permettre de nous approcher un peu sans les effrayer.

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A plusieurs reprises, nous parvenons à admirer leur dos tout en muscle qui émerge à la surface et les voyons plonger en déployant leur queue vers les abîmes. Anne et Baptiste sont aux avant postes sur l’étrave tribord et depuis la barre, j’entends un cri, mélange d’effroi et de surprise. Anne me demande de me détourner à bâbord, une baleine est là, à une longueur du bateau sur Tribord.

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C’est une sensation forte que de se retrouver toute petite barque à côté de ces géants. Heureusement elles sont à la veille (sonar peut être!) et ne foncent pas sur les bateaux. Elles sont plus difficiles à observer que les dauphins car elles ne cherchent pas le contact. Disons que c’est une bonne chose face à un animal de 20m et plusieurs tonnes!

Nous quittons les baleines et la baie de Samana au coucher du soleil. Direction plein Est au moteur.

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Nous resterons au moteur jusqu’à 4h du matin, finissant à la vitesse folle de 3 nœuds car le vent s’est levé et la houle également. Nous avons aussi la désagréable surprise de subir un courant de 1 nœud qui nous ralentit…  Lors de ma prise de quart, à 4h, nous décidons de passer sous voiles et de commencer à mettre le cap au Sud. Nous sommes dans une houle formée mais plutôt régulière.

Nous abordons comme prévu la partie la plus dure, les hauts fonds à 9h30. On constate tout de suite que la mer devient très désorganisée. La houle vient de partout, quelques vagues nous rincent le pont et les vêtements. Elle n’est pas très importante et nous avons connu des vagues bien plus hautes (4 bons mètres avec la houle) au Sud Est de Great Inagua. Ici nous avons une houle de 2 mètres totalement irrégulière en périodicité, en amplitude et en direction. C’est assez étrange. Nous sommes heureux d’aborder ce passage au travers et pas au près ni bout au vent au moteur!

Le vent lui s’établit à 20 nœuds comme prévu. En revanche, l’invité surprise est un gros grain que nous voyons arriver sur Babord. Nous rentrons complètement le génois pour le passer. Il nous envoie des rafales à 35 nœuds pendant une bonne dizaine de minutes, le tout dans cette houle désorganisée, pile à l’entrée du passage difficile. Le sens du timing quoi! Deux autres nous enverront des vents de 25 à 30 nœuds. Bon, nous passons ces dernières petites épreuves sans casse avec une GV à 2 ris et sans génois, on avait déjà plus beaucoup de toile. Après il suffisait de se laisser secouer un peu par notre amie Mona!

En avant plan, la capitaine en second et son ciré en mode grain, en arrière plan, le grain dans la Mona.

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Quelques miles plus loin, tout se calme par magie. Le vent chute, c’était prévu à la météo, la houle se calme et s’organise. Bref, Mona nous fait comprendre que c’est terminé! Ca y est on est passés!

Vers 11h30, tout juste à la sortie des hauts fonds, une daurade coryphène se prend dans notre ligne de traîne. Nous la remontons sur le pont et au dernier moment, l’hameçon se décroche et elle glisse vers la mer. Je peste tous les jurons de la terre et de la mer réunis. Baptiste les répète copieusement suivi par des cris d’indignation du reste de l’équipage. Je suis énervé, je me voyais déja dégustant de bons sushis à l’arrivée… Il me faudra presque une demi heure pour refabriquer un nouveau leurre et le remettre à l’eau.

Mais Mona a vraiment décidé de nous faire un beau cadeau aujourd’hui! Nouvelle coryphène vers 13h30 et cette fois, elle ne s’échappera pas! Je suis mieux préparé. Elle se bat bien, je suis obligé de ramener la ligne à la main, le moulinet ayant déclaré forfait. Cette fois, je ne la ramène pas à bord avec la ligne mais avec mon crochet en la saisissant par les branchies. Cela diminue les efforts sur l’hameçon.

Quelques instants plus tard, elle est à bord. La pauvre se débat et vire complètement au bleu fluo avant de trépasser! C’est la première à nous le faire. Quelques minutes plus tard, elle redevient verte. Elle mesure 1 mètre 50 et pèse 9,5kg! Notre record de prise est égalé voire dépassé. 2h de boulot pour la préparer et c’est 5kg de filet de daurade au frigo! Miam!

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La fin de la navigation est une vraie partie de plaisir. Au portant dans une mer assez calme finalement.

En revanche, notre timing de passage comprenait un inconvénient: l’heure d’arrivée probable dans la région de La Romana était une heure nocturne. C’est bien ce qu’il advient et nous sommes contraints de ralentir le bateau comme nous pouvons pour attendre le jour et mouiller en toute sécurité. Nous contournons la petite île de Saona, dépassons un ferry et un paquebot qui passent à quelques centaines de mètres de nous (gloup’s!) puis enroulons le génois, réduisons la grand voile au maximum et laissons Ysun avancer à 1 noeud à peine.

Je préfère de loin me battre un peu contre une mer formée avec du vent que ce genre de bords qui ne ressemblent vraiment à rien mais nous n’avons pas le choix. A 8h30, nous sommes au mouillage à Bayahibé, là où nous retrouveront mes parents dans quelques jours et à proximité de la marina dans laquelle nous devons faire réparer le safran Tribord.

Finalement “notre” Mona s’est bien passée! Pas de quoi en faire tout un plat! Nous avons bien plus lutté au Sud de Cuba au large des Jardins de la Reine ou sur notre route vers le Turks & Caïcos.

mar 04

Retour à Los Haitises, rencontre de plein de grands cousins Quebequois sympas et tyrolienne en pleine jungle!

Nous passons beaucoup de temps en République Dominicaine pour des questions de timing. Nous avions prévu de partager notre temps ici entre la Baie de Samana et La Romana au sud ou nous rencontrons mes parents mi mars et où nous attend notre safran tribord.

Ce temps qui s’écoule avec moins de navigation est propice aux belles rencontres et ces derniers jours, nous sommes comblés!

Nous avons passé près de 10 jours à la Marina de Puerto Bahia ou nous avions déja rencontré les Vaa Nui, un équipage familial avec 4 enfants avec lesquels nous avions découvert Los Haitises. Toujours à la marina, nous avons ensuite fait la connaissance de Denis et Louise, un équipage Québequois super sympa avec qui nous avions décidé de revenir à Los Haitises. D’abord parce que ce mouillage est parfait: calme, en pleine nature, protégé du vent et de la houle et puis aussi parce que la vie en marina coûte cher et est un peu plus artificielle qu’un beau mouillage forain!

Denis et Louise sur D’Artagnan, naviguent accompagnés de Doris et François sur Amelia I, toujours du Quebec et lorsque nous arrivons au mouillage de Los Haitises, nous avons la surprise d’y trouver 2 autres Monocoques: Marama et Oseo, d’autres Quebequois!

Un mouillage 100% Francophone!

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Il faut dire que nous sommes sur la route entre le Canada et les Antilles et que de nombreux équipages de chez nos grands cousins d’Amérique du Nord passent par ici.

Oséo navigue depuis 1 an et demi dans la Caraïbe et je les connaissais déja par leur blog, très bien fait et très bien référencé. Ils naviguent avec 2 enfants: Julien et Léa. Marama est un autre monocoque qui embarque Jonathan et Mélanie accompagnés de leurs 3 enfants.

Bref, quand nous arrivons au mouillage, nous sommes 5 bateaux francophones dont 3 bateaux avec des familles à bord!

Je m’improvise comme guide, connaissant déja un peu les lieux et nous parcourons de nouveau les “classiques” de Los Haitises: la mangrove, les grottes avec les dessins faits par les derniers indiens natifs de Republique Dominicaine et l’hotel éco lodge en pleine mangrove.

Derrière Ysun c’est un gros rassemblement d’annexes.

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Nous nous engageons dans une mangrove toujours aussi sauvage et magnifique. Cette fois, ayant finalement réussi à déboucher mon gicleur de ralenti d’annexe, le parcours en annexe se révèle BEAUCOUP plus simple… Sauf que, arrivé aux grottes, mon coupe circuit se casse intérieurement  par corrosion et bloque électriquement le redémarrage. Le temps de shunter le coupe circuit, nous sommes vite repartis mais je vais ENCORE devoir bricoler ce fichu moteur…

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Dans la grotte, ça fait 11 enfants et 10 adultes qui parcourent les dessins des Haitises.

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Ysun est ravi d’accueillir une séance de bricolage/dessin entre fiiiiilles :)

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De retour au petit éco Logde perdu dans la nature du Parc Nations, le midi, nous optons pour l’option resto avec tout le groupe.

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Nous prenons également un ticket pour les Tyroliennes du site. Lucie, Pauline et moi sommes au départ avec les plus téméraires des autres bateaux!

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Pauline prend le départ avec Cassiane de Marama.

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Un guide part avec Lucie qui est la plus petite de la bande à s’élancer.

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Les guides freinent l’arrivée avec 2 rondins glissés sur les câbles sur lesquels ils appliquent un contre poids quand on arrive. On leur fait confiance car ça arrive très vite, la tyrolienne faisant bien 500 mètres!

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Nous profitons des piscines naturelles de l’hôtel pour nous rafraichir.

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mar 04

Aux fenêtres de Mona la terrible

On l’avait presque oublié celle là! Il faut dire que nous avions l’esprit ailleurs: la traversée de la mer des Caraïbes, la remontée par le Winward Passage au large de Cuba vers les Turks et Caïcos. Autant de (relatives) difficultés que nous avons géré finalement plutôt bien moyennant une belle dépression bien creuse en arrivant aux Caïcos. Mais il y a aussi ce passage, canal en Français qui a une certaine renommée chez les navigateurs, surtout les navigateurs Nord Américains. Depuis que nous sommes dans la région de Samana, on en entend beaucoup parler. Le canal de la Mona est l’espace de mer entre Porto Rico et la République Dominicaine. Un bras de mer qui divise l’océan Atlantique au Nord et la Mer des Caraïbes au Sud. S’il y a autant de canaux que d’îles dans les Antilles, qui lèvent toujours une mer un peu plus forte que la moyenne, la Mona est un passage particulier.

A la marina, tous les bateaux que nous rencontrons en parlent. Donna, une américaine qui vit sur son bateau avec son compagnon depuis 8 ans et est depuis 5 mois à la marina de Puerto Bahia en tremble lorsqu’on l’évoque alors qu’elle doit le passer prochainement. Nos amis canadiens d’Oseo et Marama, l’ont passé dans l’autre sens il y a quelques jours. Ils ont attendu la bonne fenêtre et tout s’est bien passé.

De pas trop préoccupés par ce passage, nous sommes progressivement devenus un peu anxieux il faut bien le dire.

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Explications océanographiques: au Nord, l’Atlantique est un Océan dans lequel la mer a le temps de se former et dans des eaux très profondes: 3000m en moyenne et jusqu’à 8000 mètres dans la fosse de Porto Rico, la 2ième plus profonde au monde, juste au Nord de la Mona. Lorsque ces vagues rentrent dans le Canal de la Mona et rencontrent les hauts fonds de la chaîne des îles antillaises, l’énorme volume d’eau mis en mouvement rencontre des eaux beaucoup moins profondes (entre 100 et 200 mètres juste au large de la République Dominicaine) ce qui lève une mer très forte.

En plus de la mer, le canal de la Mona au large de la République Dominicaine est un endroit où le vent est très capricieux et imprévisible. Cabo Cabron et Cabo Engado, (littéralement le Cap fou et le Cap de la triche – c’est dire!) transforment les alizés en un système de vents imprévisibles qui peuvent tourner ou forcir rapidement sans crier gare.

Même si ce n’est pas le Cap Horn, il faut avoir une stratégie pour passer la Mona. La stratégie pour passer ce fameux passage est:

  • attendre une fenêtre où les vents sont faibles, moins de 15 noeuds maximum. Si possible depuis plusieurs jours pour que la mer aie eu le temps de se calmer un peu
  • faire route en tenant compte des zones de hauts fonds qui sont les zones où les vagues se lèvent. Cela implique un surcroît de distance par rapport à une navigation côtière. Notre prochain bord sera donc un bord de 160 miles nautiques

Sur le premier point nous avons de la chance, on a du temps en République Dominicaine. Ayant prévu une route plus longue initialement et de remonter en Floride, nous avons dû couper dans notre programme en nous apercevant que le temps nous manquerait pour être au rendez vous à La Romana avec mes parents. Nous nous retrouvons donc avec une escale un peu plus longue que prévue en République Dominicaine et donc du temps à passer pour attendre la bonne fenêtre météo sur la Mona.

A l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes le 1er Mars et la semaine prochaine ne se révèle sans aucune fenêtre avec des vents de 20 noeuds établis, rafales à 25 voire 30. Nous attendrons donc en baie de Samana, en partie au mouillage de Los Haïtises, un superbe mouillage dans un écrin de montagnes.

La météo laisse entrevoir une possible fenêtre samedi et dimanche prochains. C’est encore loin en météo mais on y croit!

fév 26

Rando à la Cascade El Limon et village français de Las Terrenas

Une des excursions très courue de la région de Samana est la cascade de El Limon. Nous avions loué une voiture pour l’occasion.

La péninsule de Samana est un des coins les plus sauvages de la République Dominicaine. Loin des plages branchées et des hôtels all inclusive de Punta Cana à l’Est ou la Romana au Sud, ici, dès qu’on met le pied à terre, on se promène dans des forêts de cocotiers, des mangroves ou de le forêt tropicale. La péninsule est aussi très montagneuse et de nombreux petits vallons et petites buttes couvertes de cocotiers s’alternent et font serpenter la petite route qui mène de Santa Barbara de Samana à Las Terrenas.

A mi distance, de nombreux panneaux signalent les départs vers El Limon. En effet pas moins de 5 chemins y convergent. Ils partent tous depuis un ranch différent où les touristes embarquent sur un cheval pour parcourir l’heure de marche qui les séparent de la cascade.

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Nous avions choisi de parcourir le sentier de la Manzana mais à pieds. Nous avons embarqué les chaussures de marche et cela nous fait le plus grand bien de redevenir un peu terriens!

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Durant notre balade, nous ne croiserons aucun randonneur à pieds. Il faut bien avouer que le seul inconvénient de ce sentier est de croiser énormément de chevaux. Si la piste est large pour un piéton, elle devient plus exigüe pour un cheval  et un randonneur. Il a fallu aussi que Baptiste s’habitue à randonner et à la présence de ces animaux hauts sur pattes! Cela ne s’est pas fait sans un certain nombre de pleurs qui m’ont fait passer pour un père indigne de laisser son bout’chou de 2 ans marcher au lieu de louer un canasson. Cela dit, une fois l’habitude prise de regarder ses pieds et les pierres sur lesquelles il marchait plutôt que les fleurs ou les nuages, il a très bien avancé et sans cris!

Nous avons même traversé un gué! Effectivement, avantage aux chevaux pour ce genre de passage!

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Cela dit, le chemin est extrêmement agréable à pieds aussi et on passe des champs de cocotiers couvent les collines aux percées dans la dense végétation tropicale.

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En descendant les dernières marches qui mènent à la cascade, nous croisons Paco et Lola, deux magnifiques Aras bleus que leurs maîtres emploient pour gagner quelques pesos en prenant les touristes en photos. On aime pas bien le procédé mais les 2$ réclamés sont raisonnables, les enfants adorent les animaux et pour ne rien gâcher, nos gaillards savent cadrer correctement une photo ce qui est rare finalement!

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Enfin, nous atteignons la cascade du Limon, impressionnante et majestueuse. Le bassin permet théoriquement de s’y baigner mais il a plus un peu dans la matinée et le débit et la couleur de l’eau ne nous y incitent pas.

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Nous rebroussons chemin, toujours en mode randonneur, cette fois en terrain connu avec des enfants qui ont retrouvé la technique pour marcher en montagne! Il va falloir, quand nous rentrerons, nous retrouverons les Alpes et ils seront tous en âge de marcher un peu!

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Nous reprenons la voiture vers Las Terrenas, une ville en bout de la péninsule de Samana où nous trouvons un centre ville étonnant où tout le monde parle français, où l’on retrouve les magasins de plage que l’on pourrait trouver sur la Côte et où le centre commercial à la mode s’articule autour de la Place Jean de La Fontaine signalée par une plaque au style bien parisien!

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Bref, pour la première fois depuis 5 mois, nous nous retrouvons presque en terre gauloise! Tout le monde parle français et dans le supermarché, grand, en standard Dominicain, nous faisons notre approvisionnement de tout ce qui manque dans les supermarchés locaux depuis la Martinique: chocolat en plaque, crème fraîche, beurre, semoule, boites de plats cuisinés!

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En fait, Las Terrenas et la péninsule de Samana est une destination d’émigration française où nos compatriotes trouvent du soleil, une région encore un peu authentique (bien que les français fassent bien flamber l’immobilier dans le secteur…) et une certaine quiétude de vie!

Sans pour autant prendre un aller simple pour la Rep Dom, on les comprend un peu car la région est vraiment superbe!

fév 26

Nouveau look pour Baptiste

Notre petit garçon de maintenant plus de 2 ans 1/2 a bien grandi depuis notre départ!! Et ses cheveux avaient bien poussé, même un peu trop… Ses boucles étaient très jolies en octobre, mais plus le temps passait, moins elles ressemblaient à quelque chose. Et puis, j’ai déjà bien à faire avec le démêlage de Lucie, alors quand j’ai commencé à devoir aussi démêler Baptiste, je me suis dit qu’il fallait vraiment passer à l’action.

 

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Etant la coiffeuse officielle du bateau, j’ai pris mon courage et mes ciseaux à 2 mains,

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Et voilà le résultat:

 

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Baptiste est très content d’avoir une coupe de grand garçon!!

fév 23

La Parc Naturel de Los Haïtises avec notre bateaucopain Vaa Nui

En arrivant à Puerto Bahia, nous faisons la rencontre de l’équipage de Vaa Nui, un superbe Outremer 45, le N°1 de la série, sorti il y a à peine 6 mois du chantier. Clémence, Antoine et leurs 4 garçons de 3,4,7 et 9 ans naviguent depuis la Méditerranée qu’ils ont quittée en juillet, sont descendus jusqu’au Senegal où ils ont participé à une mission humanitaire puis repris la mer pour la transat jusqu’en Guadeloupe. Leur projet est impressionnant et notre balade dans la Caraïbe nous parait toute petite en perspective!

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Nos voisons de ponton!

Ils sont à Puerto Bahia pour 3 jours encore puis repartent au Sud de la Rep Dom. Nous sautons sur l’occasion pour faire la visite du parc de Los Haitises avec eux après un petit picnic plage sur l’îlot en face de la marina: Cayo Levantado. Les enfants ont enfin des copains et en sont ravis. D’ailleurs les filles navigueront les 2h qui nous séparent du parc naturel sur Vaa Nui et nous nous retrouverons seuls à bord d’Ysun avec Baptiste profondément endormi pour la sieste. Notre première navigation sans enfant! Ca fait une drôle d’impression!

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Le Goûter sur le trampoline de Vaa Nui à l’arrivée

Le parc de Los Haïtises est un endroit magique, fait de petits pitons couverts de végétation, on se croirait dans un paysage du Vietnam.

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Les 2 équipages s’étaient mis sur leur 31 en uniforme réglementaire pour la visite du parc et de ses grottes!

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Une fois le bateau au mouillage, le parc se parcourt en annexe où nous nous frayons un passage dans la mangrove jusqu’aux grottes qui ont servi de refuge aux derniers indiens natifs de l’île il y a plus de 500 ans. Dans la mangrove, nous observons des dizaines d’oiseaux dont beaucoup de hérons.

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Une fois dans la grotte, nous découvrons les peintures pariétales laissées là par les indiens et dans un parfait état de conservation.

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Pour le repas de midi, nous allons jusqu’à un hotel éco lodge où de petites piscines naturelles ont été aménagées et où nous pouvons marcher un peu et découvrir une belle perspective sur la baie de Samana.

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Pour y aller, quelqu’un nous propose de mettre toute la troupe dans un pickup. Pratique!

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Les moussaillons des Vaa Nui et les PariCaraïbes au grand complet!

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L’hôtel a adopté une architecture et des matériaux de construction qui s’intègrent tout à fait à cet écrin de verdure.

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Petite baignade rafraichissante pour les équipages!

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Nous nous faisons même reconduire au débarcadère en camion

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Nous terminons la journée par 2h de moteur pour rentrer à la marina. Malheureusement nos amis de Vaa Nui nous quittent le lendemain pour le Sud de la Rep Dom où ils laissent le bateau et continuent en avion pour 2 mois de découvertes en Amérique du Sud en famille. Nous leur souhaitons bon voyage et bon retour en France dans quelques mois! Le rendez vous est pris à Paris!

fév 23

Arrivée en République Dominicaine et vie de château en marina

Nous partons donc de South Caicos non sans avoir essayé de faire le plein de diesel et de trouver quelqu’un qui pourrait réparer notre moteur d’annexe, encore en rade…

En fait, nous sommes samedi et jour de funérailles à South Caicos. Cette petite communauté vient de perdre un de ses habitants. L’île en compte à peine 2000 et forcément ils se connaissent tous et sont tous aux funérailles ce qui dérègle complètement le quotidien de l’île. J’attendrai donc toute la journée pour mon plein de carburant et mon moteur d’annexe en restant bredouille… T’en pis, nous verrons ça en Rep Dom.

Nous partons avec une météo très calme, les 10 noeuds de vent s’étant en fait révélés être plutôt 5 noeuds. Nous mettons un peu les moteurs en attendant le vent prévu pour 19h le soir. Une fois la nuit tombée, le vent se lève effectivement plein Nord, excellent pour faire notre cap vers l’Est de la République Dominicaine et la baie de Samana. Progressivement nous passons tout de même au près avec un vent de Nord Est et très peu de mer. Nous avançons vite: 8 noeuds et d’habitude nous réduisons un peu la voilure pour la nuit mais cette fois notre heure d’arrivée estimée est à 18h le lendemain soit à la tombée du jour.  Comme nous ne pouvons pas arriver de nuit, c’est pile l’heure qu’il ne nous faut pas dépasser si nous ne voulons pas passer la nuit suivante à tirer des bords pour attendre le jour!! Nous faisons donc tout pour accélérer Ysun: toutes voiles dehors, réglages précis. Nous tiendrons une moyenne de 8 noeuds toute la nuit et toute la journée suivante avec des pointes à 9 noeuds!

En vue de la Marina de Puerto Bahia, il nous reste 15 minutes de soleil et nous arrivons à 18h soit exactement à l’heure prévue 24h plus tot! Nous sommes contents de nous et de ce timing serré mais il nous faut gérer l’arrivée au ponton, notre premier depuis la Martinique! Cela se fait sans encombre grâce à Fernando, un employé de la marina qui nous aide en nous prenant les amarres à terre.

La marina est très confortable. Elle est située sur un vaste complexe hôtelier qui compte des villas, des appartements,un petit hotel très classe, 3 piscines, 1 cours de tennis, une salle de sport, 2 restaurants, le wifi. C’est de surcroît un excellent point d’entrée pour faire les formalités d’arrivée en Rep Dom. Ailleurs, les officiels tentent d’inventer des taxes et charges qui n’existent pas!

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L’une des 3 piscines de la marina: vue directe sur la mer!

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Nous allons rester ici un petit moment ce qui nous permettra également de faire un peu d’entretien sur le bateau, de grandes lessives et un grand ménage! Et cela fait du bien de profiter d’un cadre très agréables même si la marina est éloignée du centre de Samana.

Au passage,j’ai finalement réussi à régler les problèmes de mon moteur d’annexe en démontant une Nième fois le carburateur et en réussissant à déboucher les injecteurs et faire un grand nettoyage. Je connais maintenant ce carburateur par coeur et suis capable de le démonter et le remonter en 20 minutes. Ca commence à rentrer la mécanique!

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fév 14

La traversée du Caicos Bank, expérience de mer incroyable

Je n’en ai pas dormi en étudiant les routes, la carte et les contraintes. Imaginez une étendue d’eau dont la profondeur varie entre 0 et 5 mètres sur une surface grande comme la moitié de l’île de France ou un peu plus que le Morbihan pour trouver une comparaison plus proche de la mer. Avec ses 7 689km², le Caicos Bank n’est que le 11ième plus grand du monde mais ça fait grand quand même!

Pour aller de Provo à South Caicos et donc continuer notre retour à l’Est, nous aurions pu contourner le bank ce qui nous aurait fait parcourir le triple de la distance et aurait nécessité des vents dans toutes les directions – à la demande – au fur et à mesure du contournement. J’ai donc écarté cette idée assez rapidement.

Se pose alors la question: comment traverse-t-on le bank. Eh bien la seule manière sans être un pêcheur du coin qui connaît le bank comme sa poche est de le faire au GPS. En effet, durant des dizaines de miles, aucune terre, aucun repère et pourtant, des hauts fonds à éviter, des bancs de sable, pire, des rochers… Des routes existent au travers du Bank et permettent d’éviter les hauts fonds. Elles sont marquées sur les cartes comme celle ci-dessous extraite de notre guide de navigation. Chaque route va d’un point A à un point B et il suffit de rentrer les coordonnées de A et B pour tracer les routes sur le GPS et les suivre.

Mais avec un GPS et des points de route suivis scrupuleusement vous n’êtes pas sortis d’affaire. En effet, la profondeur a beau convenir à votre bateau, il existe un peu partout dans le Caicos Bank des têtes de corail qui s’élèvent parfois un ou 2 mètres au dessus du fond et réduisent donc d’autant la profondeur disponible pour le bateau. Il faut donc rester en veille permanente à l’avant du bateau et surveiller chaque tâche sombre pour l’éviter au besoin.

route dans le Caicos Bank

Pour voir les rochers, il faut absolument avoir le soleil dans le dos ce qui exclut les heures les plus matinales pour une route à l’Est comme la notre. Une journée ensoleillée, sans nuage et sans vent permet d’accroitre la visibilité sous l’eau. En revanche, il faut évidemment éviter la nuit.

Résumons: nous avons 10 heures de navigation au moteur à faire, de jour, avec de bonnes conditions de lumière, pas de vent, un soleil sans nuage,  en veillant en permanence à ne pas heurter un rocher sous l’eau… Tout ceci en canalisant les enfants pour qu’ils nous laissent à la manœuvre 10 heure durant.Trop facile!

Heureusement, les conditions météo idéales se présentent les 12 et 13 Février et, pour profiter des meilleures conditions d’éclairage de la journée, nous décidons de faire 2h30 le premier jour et 7h30 le second jour.

Pour la route, nous choisissons le “Starfish Channel”, chenal de l’étoile de mer avec une petite variante pour faire escale à French Cay le premier soir, une toute petite île de quelques centaines de mètres de long.

Contrairement à d’habitude, il nous faut absolument être, Anne et moi, à nos postes à 100%: Anne à l’avant pour repérer les rochers et moi à la barre pour dévier la route immédiatement. Les enfants seront canalisés par autant de dessins animés qu’il faudra. Anne s’équipe de la corne de brume du bateau pour me signaler un danger de la manière la plus audible possible.

rocher ou herbe

Nous nous élançons vers 14h30 et partons de Provo en direction de French Cay. La mer est d’huile. nous glissons sur une eau limpide qui commence en vert émeraude et qui rejoint l’horizon en un bleu opalescent dans un dégradé d’une perfection telle que la mer et l’horizon se fondent en une seule et même étoffe.

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Nous voyons très clairement le fond de l’eau, les nombreuses étoiles de mer qui jalonnent le sable et nous pouvons même parfois voir les langoustes courir sur le sol! Nous appelons les filles qui sont ravies de venir compter les étoiles de mer et prêter main forte à Anne dans sa veille anti rochers.

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Tout à coup, Anne aperçoit 3 grands dauphins et nous rappelons toute la famille à l’avant pour les admirer. Dans cette eau cristalline, avec la possibilité de ralentir les moteurs, nous pouvons les observer bien mieux que lors des précédentes rencontres !

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Nous finissons cette petite navigation de 2h30 à French Cay, un tout petit confetti sur la bordure Sud du Caïcos Bank.

Le second jour ressemble au premier avec toujours cette impression de naviguer sur une autre planète, avec cette eau limpide, sans aucun vent et au milieu de nulle part. La seule chose qui trouble cette étendue d’eau infinie sont les vagues créées par notre bateau qui viennent se perdre à l’infini derrière nous.

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Une heure environ après notre départ, nous avons notre première et unique “alerte rocher” lancée par Anne qui me permet de dévier le bateau de sa trajectoire. Impossible de savoir si ça passait ou pas mais ce qui est sur c’est qu’une patate de corail se dressait là, dans 2,5m d’eau. Elle était tellement visible qu’on aurait pu compter et identifier tous les poissons qui l’habitaient! Nous ne veillons pas pour rien!

Après 7h30 de navigation, nous arrivons à South Caïcos, notre dernière escale aux Turks and Caicos.

South Caicos est beaucoup moins “occidentalisée” que Provo mais dès que nous posons le pied à terre, nous sommes accueillis par un habitant très sympa qui nous fait faire un tour du quartier en nous indiquant les choses à voir, les magasins,… Nous n’en aurons malheureusement pas besoin très longtemps car nous ne pouvons rester ici officiellement que 3 jours encore et nous allons même raccourcir encore ce séjour en partant dimanche au lieu de mardi. En effet la météo nous prévoit un vent favorable pour descendre en République Dominicaine dimanche et lundi alors qu’à partir de mardi du vent de Sud Ouest soufflera pile dans l’axe de notre route!

Nous mettrons donc le cap sur la Rép Dom dès demain dimanche 15 février! C’est rapide et nous avons hâte de nous poser quelque part un peu plus longtemps pour récupérer un peu mais le boss c’est le vent…

fév 14

Les Turks et Caïcos, l’archipel oublié

Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de ce pays. En tout cas avant de nous plonger sur les cartes de notre programme de navigation, nous ignorions également l’emplacement de ces petites îles au Sud des Bahamas. Géologiquement parlant, les Turks & Caïcos  font partie à part entière de l’archipel des Bahamas. Cependant, c’est une colonie anglaise indépendante de l’état des Bahamas.

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L’archipel, colonie Britannique, s’étend d’Ouest en Est et comporte 2 groupements d’îles: les Caïcos et les Turks. Entre les deux, le Colombus passage, profond de 2000m où Christophe Colomb est supposé être passé pour son voyage vers le nouveau monde. A grand Turk, on est même convaincu, publications scientifiques à l’appui, que ce grand navigateur et découvreur a fait ses premiers pas en Amérique des les îles Turks et Caïcos!

Une des particularités des Turks & Caicos comme de tous les archipels des Bahamas est la présence d’une zone de quelques mètres de profondeur entre les îles: le Bank. Les Caïcos et les Turks disposent chacun d’un Bank. Celui des Caïcos est immense et dans quelques jours il nous faudra le traverser. La profondeur dans le zone est tellement faible que l’eau prend une couleur vert émeraude qui se reflète dans les nuages qui deviennent eux même verts. C’est vraiment splendide!

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Il parait que les astronautes depuis l’espace repèrent le Caïcos Bank comme l’un des points les plus remarquables et le plus beaux de la planète vu d’en haut!

Nous arrivons aux Turks & Caicos après 5 jours de mer difficiles. Nous avons levé l’ancre de Santiago à Cuba le 5 février et, après avoir essayé de remonter aux Turks et Caïcos directement, nous avons du interrompre notre navigation et trouver refuge sous la côte de Great Inagua dans l’état des Bahamas, juste au Sud des Turks et Caïcos. Là nous avons attendu que le vent tourne au Sud en notre faveur pour finalement atteindre notre objectif en à peine 15h (nous avons même dû enrouler complètement le génois pour ralentir et ne pas arriver de nuit!). Une fois à la bordure du Caïcos Bank, il nous faut alors parcourir les 10 miles qui nous séparent de Providenciales, l’île principale des Caïcos en naviguant sur le Bank, par 3 mètres d’eau. Nous affalons les voiles et mettons les moteurs. Nous ne sommes pas assez nombreux à bord pour gérer la navigation à la voile dans cette eau si peu profonde et dans laquelle il faut surveiller en permanence la présence de rochers.

Le 10 février, une fois au mouillage de Sapodilla Bay, à coté de Providenciales, le vent de Sud forcit, de gros nuages noirs apparaissent et le baromètre chute à 1005hPa. Le bateau est au mouillage comme en navigation, nous sommes secoués dans tous les sens et heureux de ne pas être en navigation à de moment là! Impossible cependant de mettre l’annexe à l’eau (j’ai essayé et je me suis fait éjecter dans l’eau par une vague…).

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Les voiliers voisins au mouillage sont secoués également dans tous les sens par ces vagues bleu turquoise!

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Les vagues sont trop fortes et encore, nous sommes un peu protégés par le Caïcos Bank!  Au large, la mer a dû se lever également. Nous sommes contents d’être arrivés mais sommes consignés à bord 36 heures supplémentaires le temps que le vent se calme et que je puisse mettre l’annexe à l’eau pour faire les formalités d’entrée le 11 février.

Au final, depuis Cuba, nous serons restés 6 jours à bord d’Ysun sans mettre le pied à terre dont 2 jours au mouillage à une centaine de mètres de la plage!

Les Turks et Caïcos ressemblent à l’archipel de rêve pour passer du temps, explorer ses plages, ses fonds sous marins, profiter de la présence de nombreuses baleines mais malheureusement le gouvernement de cet archipel en a décidé autrement. Une fois les formalités d’entrée effectuées et un petit droit d’entrée de 50$, on nous alloue 7 jours avant de devoir sortir du pays. Si nous souhaitons rester, il nous faudra payer 50 dollars par personne et 300 dollars de plus pour le bateau (cruising permit). Nous ne pouvons pas nous permettre de payer ces 550 dollars juste pour quelques jours de plus…

C’est d’autant plus dommage que 7 jours c’est vite passé lorsqu’il faut tenir compte de la météo pour les navigations, les mouillages, lorsqu’il faut aller à terre pour l’avitaillement… Et surtout lorsque les distances à parcourir entre les îles du pays sont aussi conséquentes! Il nous faudra plus de 36h pour traverser le Caïcos Bank!

Nous allons donc devoir naviguer en parisiens pressés….

Les paysages ici n’en restent pas moins somptueux. Près du mouillage où nous avons atterri, on trouve le chalk sound, une étendue d’eau intérieure sur Providenciale qui prend une couleur bleu turquoise laiteux due à la présence de craie dans ses fonds. Du haut de la petite colline qui jouxte le mouillage, le regard embrasse le bleu turquoise de l’océan et le bleu presque fluorescent du sound qui contraste avec le vert de la végétation.

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A terre, sur Providenciales, appelée “provo” par ses habitants, peu de choses à voir. L’île a un développement touristique et économique assez récent ce qui lui confère un schéma de développement à l’américaine avec une longue route principale autour de laquelle s’égrainent supermarchés, centres auto et quartiers résidentiels. Il n’y a pas vraiment de centre. Au Nord de l’île on trouve des plages superbes mais privées pour la plupart car occupées par des resorts dont le célèbre Club Med.

Les habitants de provo sont des descendants des esclaves implantés sur l’île depuis des générations, des haitiens, des jamaicains et assez peu de gens de type européens. Cela fait plaisir de ne pas se retrouver, comme à Bonaire, Curaçao ou Grand Cayman, dans une ville européenne!

Une chose qui frappe vraiment sur l’île c’est la facilité à faire du stop. Par nécessité, depuis que nous sommes partis, je suis contraint à faire du stop un peu dans chaque île où les transports publics sont inexistants et où il faut parcourir plusieurs kilomètres entre les supermarchés, la douane, l’immigration,… Provo est providentielle à ce niveau là. Sur les 6 trajets que j’y ai fait, la 3ième ou la 4ième voiture que je vois après avoir levé le pouce s’arrête! Il faut donc moins d’une minute en moyenne pour être pris en stop! Le stop c’est très sympa, ça permet de discuter avec les gens du pays, d’avoir des informations sur les choses à voir.

La petite plage de Sapodilla Bay, en face de notre mouillage est pour les enfants l’occasion de se baigner et de jouer au sable. Cela faisait plus d’un mois, depuis la Jamaïque que nous n’avions pas eu de plage!

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Enfin, les Turks et Caïcos et leur développement occidental me permettent de mettre une nouvelle carte SIM dans mon téléphone et d’avoir de l’internet! Après 1 mois de silence radio ça fait du bien! On ne doit pas encore être prêts à couper le cordon ombilical du net…

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