fév 12

La meilleure amie du navigateur

Le 10 février 2015 entre Great Inagua et Providenciales

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Si le vent et la mer sont les maîtres exigeants du marin, la lune, elle, est sa meilleure amie.

Qu’une navigation commence sans elle et l’ambiance n’est plus la même. On ne voit pas ses voiles pour les régler et il nous faut sortir la torche pour les manoeuvres. Certes on voit les étoiles à merveille mais lorsqu’il en manque à l’appel parce qu’un nuage voile la voûte céleste, impossible de savoir si c’est un nuage de beau temps ou un signe annonciateur de grain ou de mauvais temps. Quant aux vagues, sans la lune on en ressent les effets sur le bateau mais sans pourvoir en estimer la hauteur.

Mais dès qu’elle se lève, tout s’éclaire. Quand elle apparaît, elle se fait ronde et toute orange à l’horizon. Elle rend les nuages qui la nimbent de la couleur du miel, c’est splendide.

Nous avons découvert de manière empirique une évidence astronomique, plus le cycle lunaire s’approche de la pleine lune, plus elle se lève tôt dans la nuit. Ensuite, elle prend progressivement son temps pour se lever et illuminer nos navigations. Quand elle est pleine, nous avons la chance de l’avoir avec nous toute la nuit et elle éclaire tellement que nous voyons le pont, les voiles, les vagues et les nuages très distinctement. Lors du passage de relai pour nos quarts de nuit, c’est presque la première information que nous transmettons à l’autre: la lune est levée!

A notre arrivée, houleuse et pluvieuse à Great Inagua, j’ai même pu repérer un arc de cercle à l’horizon juste en face de la Lune. Il m’a fallu quelques minutes pour identifier un “arc en ciel lunaire”. Sous réserve de confirmation scientifique car la fatigue était bien là elle! En tout cas il était monochrome et de la même forme qu’un arc en ciel!

L’apparition de la lueur lunaire en navigation chasse nos peurs primaires: la peur du noir, la peur d’un océan dont on ne distingue pas la surface,… Elle joue un grand rôle psychologique finalement!

fév 12

Le 31 janvier: nous commençons notre lent retour à l’Est

C’est connu de tous les navigateurs, dans les Antilles les vents dominants soufflent de l’Est: ces vents ont même un petit nom, il s’agit des Alizés. L’autre évidence c’est qu’un voilier en général, un catamaran en particulier fait très facilement route avec le vent derrière lui et très difficilement route avec le vent face à lui. Il faut alors tirer des bords ce qui peut s’envisager avec un monocoque qui peut voyager à 30° du vent. La route est alors grandement allongée car tirer un bord c’est louvoyer d’un coté et de l’autre du vent en virant de bord régulièrement. La distance est plus que doublée en général! De plus, une navigation au près se fait contre les vagues car les vagues viennent en général de là où vient le vent. Le bateau et son équipage encaissent alors les coups de boutoir des vagues qui ralentissent d’autant le bateau.

En bref, la navigation au près c’est ce que tentent d’éviter tous les navigateurs.

Oui mais…

Si vous avez bien suivi, aux Antilles, le vent dominant vient de l’Est voire du Nord Est dans les grandes Antilles. Depuis notre départ nous avons navigué exclusivement vers le Sud jusque Grenade, vers l’Ouest vers les Roques puis vers le Nord avec la Jamaïque, Les Caymans et Cuba.  Aucune composante Est dans nos navigations jusqu’à maintenant mais il faut bien commencer à revenir vers l’arc Antillais!

C’est donc avec à Cuba que nous commençons à trouver des navigations vers l’Est.

A l’heure ou j’écris cet article (qui sera mis en ligne bien plus tard blocus internet cubain oblige…) nous sommes arrivés à Santiago de Cuba après 314 miles nautiques réalisés en 3 jours et 3 nuits. Nous avons pu goûter à notre première navigation au près sous voile pour les premiers 150 miles. Le vent était de Nord Est ce qui était impeccable pour le début de notre route. En revanche, en cette saison, ne vent de Nord Est ramène de l’air froid venu des USA et, couplé à une mer formée et des vagues qui nous rinçaient régulièrement à la barre nous étions tous les deux habillés comme pour une bonne navigation bretonne avec pantalon de ciré, veste, polaire! Dans les Antilles!

Le bateau tape, cogne, les coques montent et descendent des vagues de 1 à 2 mètres comme autant de montagnes qui nous ralentissent mais pas tant que cela car nous avons avancé assez vite malgré tout.

Nous terminons les 30 premières heures de navigation rincés, fatigués de notre nuit bretonne mais plutôt satisfait de notre route parcourue.

La suite est plus pénible car une fois le cap au Sud Est passé, nous devons maintenant faire cap plein Est et le vent, lui est revenu Est aussi. Cela nous contraint à allumer le moteur pour faire route contre les vagues. En gros cela donne la même impression de passer à la machine à laver (la veste de quart ET l’estomac) sauf qu’au lieu de faire du 7 noeuds sous voile, nous faisons du 3 noeuds en consommant 2L de carburant par heure…

Au final, nous parcourons 70 miles sur 24h au moteur! Personnellement, cela me mine beaucoup plus le moral de faire du moteur que de me battre et d’être secoué par les vagues sous voile. Du moteur c’est de l’usure des courroies (mais là je pense avoir trouvé les courroies idéales qui ne sont absolument pas celles préconisées par notre loueur…), c’est du diesel à trouver et à payer, c’est la 2ième vidange qui se rapproche, et c’est beaucoup de bruit.

La fin de notre navigation est beaucoup plus calme mais toujours au moteur. Nous arrivons en effet sous la cote Sud de Cuba bordée d’une grande chaîne de montagne et généralement déventée. Pour le même régime moteur, c’est à 4,5 noeuds que nous avançons au lieu de 3 noeuds avec les vagues et la même puissance moteur! Nous profitons de la vue sur les montagnes à la lumière de la pleine lune qui nous éclaire comme en plein jour et qui change tout!

Nous arrivons tout de même fourbu à notre escale de Santiago de Cuba, la deuxième ville du pays que nous visiterons demain

Santiago est une étape très peu pratique. En effet, seul mouillage possible (et payant!), la marina est située loin du centre ville, le taxi est obligatoire pour s’y rendre et il n’y a rien du tout dans les environs. Nous jouissons tout de même d’une superbe vue sur les montagnes environnantes et d’un mouillage beaucoup moins fréquenté que Cienfuegos.

Dans 3 jours nous repartons pour finir de longer Cuba par le Sud et de tenter une remontée vers l’archipel des Turks et Caicos. Toujours contre les vents dominants. Courage, l’arc antillais n’est pas loin et les Turks & Caicos, situés dans les Bahamas nous promettent poissons dans l’assiette et plongées magnifiques!

fév 12

Atlantique Nord, bienvenue dans la cour des grands

Article écrit à Great Inagua le 8 février 2015

Nous partons de Santiago de Cuba le 5 février vers 17h. Depuis quelques jours je surveille la météo grâce aux fichiers grib que je peux télécharger avec notre téléphone satellite. Pour rappel un fichier grib c’est une carte météo du vent, de la mer, de la hauteur des vagues,… pour une période donnée sur une zone donnée.

C’est là que l’iridium prend toute son importance. Surtout à Cuba où l’internet est quasi inexistant, pas de téléphone satellite, pas de météo. Ou alors celle très succincte dont disposent les autorités cubaines sur leur boite mail et qu’ils veulent bien nous communiquer oralement à notre demande.

La navigation qui nous attend est assez complexe. Nous continuons notre route à l’Est en passant d’abord le long de la côte Sud de Cuba, généralement déventée (ou alors parcourue par un vent contraire ce qui est bien pire), passons devant Guantanamo et sortons de la mer des Caraïbes par le Windward passage, pour rejoindre l’Atlantique. Une fois le passage dans l’Atlantique réalisé, il nous faut remonter au Nord, Nord Est vers l’archipel des Turk et Caicos.

Nous avons environ 300 miles nautiques à parcourir ce qui nous faisait quelque chose comme 3 ou 4 jours de mer. Pour pouvoir sortir de la passe entre Haïti et Cuba il nous fallait un vent d’Est ou de Nord puis, pour pouvoir remonter, un vent d’Est. Je ne mentionne pas les vents d’Ouest et Sud qui sont anecdotiques dans ce secteur.

J’avais identifié le bon créneau: une absence de vent pendant 12h nous permettant de parcourir les 100 miles se cote cubaine au moteur, un vent de Nord nous permettant de dégager le passage en direction du Nord Est puis le vent tournant à l’Est, notre remontée devenait possible. La chronologie est très importante.

Les 24 premières heures se dont bien déroulées: pas de vent pendant 12h, un vent de Nord comme prévu mais, à la fin du premier jour je prend la météo et constate que le vent ne tourne plus Est mais Nord Est. Ce changement nous oblige à tirer des bords ce que nous commençons à faire. Cependant, ce que ne disaient pas les prévisions c’est qu’une grosse dépression s’est mise à faire souffler des vents de 30 noeuds en lieu et place des vents prévus à 20 noeuds. Bref, nous nous retrouvons le 7 février dans une mer forte avec certaines vagues qui dépassent les 2 mètres. Tout ceci contre le vent.

Nous sommes tous les 2 à la manoeuvre, il faut réduire le pus vite possible la surface de voile, s’adapter en permanence, permettre au bateau de passer correctement les vagues. Malgré ça rien n’y fait, le vent reste orienté au Nord Est et gagne en force. Nous venons de tomber dans un Northern, une cellule dépressionnaire de l’atlantique Nord qui apporte froid, vent et pluie en descendant.

Dans ce genre de moment, avec un équipage familial et un catamaran qui remonte très mal le vent, il n’y a qu’une chose à faire: changer la direction pour prendre le vent sur l’arrière du bateau et non plus sur l’avant. Heureusement, si nous opérons ce changement de cap, nous arrivons sur une île des Bahamas qui s’appelle Great Inagua. Nous n’avons pas prévu cette escale mais dans ces conditions… La côte Ouest de l’île nous fera un abris contre les vagues à minima puisque la hauteur de l’île n’arrêtera pas le vent.

Nous atteignons très rapidement cette escale de fortune. Notre changement de cap est immédiatement suivi par une  l’impression de fin de bataille à bord car le bateau se comporte beaucoup mieux, va plus vite et secoue moins. Ouf!  Malheureusement à l’arrivée il fait nuit et nous ne pouvons jeter l’ancre la nuit. S’en suit la nuit de “non navigation” la plus étrange de toute ma courte carrière ce capitaine. Nous devons garder le bateau à l’abri, en bougeant le moins possible pour aller jeter l’ancre sur la côte de l’île le matin au lever du jour. Nous mettons le bateau “à la cape” ce qui a pour effet de stopper son avancée sur l’eau. Cependant, avec les 15 à 20 noeuds de vent qui soufflent encore, nous dérivons à 1 nœud. Il nous faut donc plusieurs fois dans la nuit reprendre au moteur ce que la dérive nous a fait parcourir de distance. Au moins nous sommes à l’abri des vagues et avons une impression de grande sécurité après avoir affronté ces vagues de plusieurs mètres de haut pendant la journée. Nous sommes également à quelques centaines de mètres de la côte de Great Inagua, de son phare et ses lumières. Cela contribue à nous rassurer.

A l’heure où j’écris ces mots, nous sommes à l’ancre à Great Inagua. Nous n’avons pas choisi d’y débarquer officiellement car cela nous ferait payer le permis de navigation aux Bahamas pour une nuit (300 dollars!). Nous espérons ne pas avoir la visite des autorités avant de repartir mais avons tous les arguments pour leur expliquer notre arrêt salvateur sur leurs côtes.

Cet épisode que nous avons géré correctement même si cela n’exclue pas la fatigue et une certaine appréhension, nous rappelle que nous sommes maintenant en Atlantique et que la météo est moins prévisible, moins stable. Nous devons privilégier les courtes distances quand c’est possible pour partir avec les meilleures prévisions possibles sur tout le trajet. Depuis Cuba c’était impossible à réaliser mais à partir de maintenant nous allons prévoir nos navigations de la sorte. Nous pensons à ceux qui traversent l’Atlantique… Une fois parti, pas de refuge pendant 15 jours!

Cela conforte également la décision de ne pas remonter en Floride. Le retour vers l’Est risquant nous confronter avec ce type de météo sur des distances beaucoup plus longues.

On en vient à espérer revenir très vite dans l’arc antillais et les petites Antilles où nous attentent navigations courtes, météo des caraïbes bien prévisible, vent d’Est et navigation au portant. Nous y serons dans à peine 1 mois!

En attendant, demain un créneau météo semble se décider à nous emmener finalement jusqu’aux Turks et Caicos avec un vent d’Ouest (et oui!). Nous aurons eu 36h d’escale impromptue mais salutaire à Great Inagua pour digérer et récupérer de cette navigation difficile!

fév 12

L’épopée du ravitaillement en gaz ou le Mc Giver qui sommeille en chaque cubain

Un bateau est une base de vie autonome dans le sens où aucun réseau d’eau potable, d’électricité ou de gaz ne l’alimente. Il y a donc 3 préoccupations permanentes pour l’avitaillement hors alimentaire :

  • L’électricité
  • L’eau
  • Le gaz de cuisine
  • Le diesel pour les moteurs (l’essence pour l’annexe dans une moindre mesure)

Pour l’électricité, le bateau n’ayant pas vu un ponton depuis 4 mois, elle provient des panneaux solaires et des alternateurs moteurs (que la sainte patronne des courroies nous protège). L’eau est fournie par le désalinisateur ce qui évite d’avoir à la récupérer à terre et qui nous permet de la boire, chose plus risquée lorsqu’elle provient d’une vague citerne rouillée à Cuba ou ailleurs.

Le diesel est la première préoccupation d’avitaillement. Il est au sommet de la chaîne énergétique du bord et nous alimente en eau, en électricité en plus de permettre les manoeuvres et la navigation quand le vent n’est pas au rendez vous.

Enfin, le gaz de cuisson est indispensable pour le pain, les pates et le riz et plus généralement toute la cuisine. Voici le sujet de cet article.

Si l’approvisionnement en diesel est assez aisé (quoique…), un ponton carburant ou même un simple bidon pouvant faire l’affaire, recharger en gaz est beaucoup plus complexe.

Nous disposons à bord de 2 bouteilles de gaz de cuisine domestiques de 12,5kg de butane, celles là même qu’il est si facile d’acheter en France en échangeant la bouteille vide contre une pleine. Oui mais…

Evidemment tous les systèmes de raccordement de gaz sont spécifiques par pays en diamètre, en pas de vis,… Et, sortis de France, l’échange de bouteille n’est plus une option. Il faut donc les remplir mais là encore l’opération n’est pas aussi simple que de remettre du carburant dans un réservoir.

Me voila donc à Cienfuegos à la recherche de quelqu’un qui pourrait me remplir ma bouteille de gaz vide, l’autre étant encore à un bon niveau mais mieux vaut ne pas risquer la pénurie!

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Le personnel de la marina ne peut rien faire pour moi, me disent que je ne trouverai pas et que, peut être faire le voyage jusqu’à la raffinerie pourrait résoudre mon problème mais cela ne me semble pas suffisamment sûr pour tenter les 40km aller retour vers la raffinerie… Je m’apprête à retourner au bateau bredouille quand un bicytaxi (taxi vélo) me dit qu’il connait quelqu’un qui peut remplir ma bouteille. Evidemment d’opération s’effectue en toute discrétion car j’apprend pour l’occasion qu’à Cuba le gaz n’est pas en vente libre! Seul l’état peut pourvoir à l’alimentation en bouteilles de gaz de cuisine aux citoyens.

Le gaz est donc vendu exclusivement aux cubains sur présentation de leur carte de rationnement (livretta) et de quelques pesos. Je comprend alors la difficulté qui m’attend…

Néanmoins je tente l’aventure et embarque avec ma bouteille de 12kg de butane vide à bord du bicytaxi. Après 30 minutes de pédalage, nous arrivons dans les faubourgs de Cienfuegos chez “el chico del gas”, sous entendu un jeune homme, conducteur de bicytaxi de son état, qui s’est fait une spécialité de transférer du gaz d’une bouteille officielle à un autre récipient moins officiel. L’homme est grand, assez fin, aux traits émaciés et porte de grandes lunettes rayban. Il conduit son bicytaxi avec sa seule main valide, son autre membre supérieur se terminant en moignon. Il a en tout cas tout à fait le profil parfait d’un traficant de gaz au marché noir qu’on pourrait croiser au détour d’une BD ou d’un romain policier.

Les 2 hommes se penchent sur ma bouteille de gaz et essayent de trouver un embout pour commencer le transfert. Evidemment, rien dans le bric à brac de l’arrière cours ne convient au pas de vis de ma bouteille qui, comme vous le savez peut être, présente la caractéristique de se visser de droite à gauche et donc à l’inverse d’un pas de vis classique.

Au bout de 10 minutes, Giovani, mon bicytaxi est formel, il faut fabriquer un embout. Qu’à cela ne tienne, il m’emmène ma bouteille de gaz et moi, à coté chez un tourneur! Durant près de 1h j’assiste à la création d’un boulon à la dimension adhoc et au pas de vis à l’envers. En partant d’une tige de métal hexagonale, le tourneur réussit à copier exactement l’embout d’une bouteille de gaz cubaine mais avec un pas de vis inversé! C’est bien la première fois que j’observe depuis le départ la fabrication d’un écrou!

Une fois fabriqué, nous retournons chez “el chico del gas” mais il manque encore quelque chose. En effet, une fois l’écrou fabriqué, il faut pouvoir y adapter un tuyau de l’autre coté et, un bref retour dans le bric à brac d’où débordent boulons et pièces rouillées en tout genre orientent mes 2 cubains une nouvelle fois vers une méthode plus radicale.

Je les vois se diriger dans la maison d’à coté et revenir avec un vieux cadre de vélo d’enfant à moitié rouillé et une scie à métaux. Je ne comprend que quelques secondes après que les 2 hommes veulent utiliser une portion du cadre comme embout de sortie et l’entrée en scène d’un poste à souder à l’arc me le confirme!

Le poste à souder méritait à lui même la photo (mais je n’avais pas d’appareil), une fabrication maison complète avec un vieux rectangle de matière isolante et des spires de cuivre enroulées à la main, tous les cables étant apparents. l’alimentation de l’engin, en 220V se fait avec 2 énormes fils à moitié dénudés que notre cubain va connecter quelque part dans son garage.

Ils commencent à souder la portion de cadre de vélo à l’écrou fraichement tourné pour l’occasion.

A ce moment là, cela fait 3h que je suis parti du bateau, la bouteille est toujours vide mais un ami du “chico del gas” termine mon embout avec son poste à souder à l’arc. Enfin, il va pouvoir transférer le précieux propane et remplir ma bouteille!

Mais non… L’incroyable se produit… Après 2h de travail pour construire l’adaptateur, “el chico del gas” secoue tous ses fonds de bouteilles et me dit… Qu’il n’en a plus assez pour remplir la mienne!  Tout ça pour en arriver là…

Après avoir gentiment décliné sa proposition de me remplir la bouteille avec du gaz pour chalumeau à souder (gloup’s), je repars avec Giovanni mon bicytaxi qui me jure que d’ici 3j je peux revenir et que le gaz coulera à flot de nouveau chez “el chico del gas”.

En fait, 3 jours plus tard, à notre retour de la Havane, j’ai tenté une nouvelle fois mais une fois arrivé chez “el chico del gas”, notre homme était parti d’urgence avec son bébé malade à l’hopital. Nous repartirons donc de Cienfuegos sans avoir rempli notre bouteille!

L’épilogue de l’histoire du remplissage de notre bouteille se passe finalement à Santiago de Cuba où Pedro et Rosa, dans la maison d’à coté, se sont spécialisés en services aux navigateurs de passage. Ils habitent à coté de la marina et possèdent tous les embouts nécessaires. En 24h j’ai finalement réussi à récupérer une dizaine de kilos de gaz de cuisine dans ma bouteille…

En bateau de grand voyage tout ce qui est simple à terre dans son pays peut se transformer en une véritable aventure une fois à l’étranger et en conditions rustiques. Finalement cela permet aussi de rentrer en contact avec les “vrais gens” loin des circuits touristiques officiels.

De cet épisode de Giovani et “el chico del gas” il me reste… Un embout, témoin de la débrouille cubaine qui n’a rien à envier à Mc Giver (souvenez vous!)

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fév 12

Le Rhum fantôme ou l’art de l’arnaque vieillie en fut de chêne

Santiago de Cuba le 4 février 2015

J’avais déjà fait état état de l’art de la combine à Cuba surtout lorsqu’il s’agit de récupérer les CUC (peso convertible) des touristes.

Je rédige ces lignes au moment où nous quittons Santiago de Cuba et à l’instant où nous passons devant la base militaire de Guantanamo, une mer calme (mer calme et assez de vent pour avancer vers l’Est, le rêve!) me permet de reconstruire le fil de 2 rencontres hier dans la vile de Santiago de Cuba que nous visitions. Et, avec 48h de retard, la vérité me saute aux yeux tellement clairement que je m’étonne de ne pas avoir tilté plus vite. Il faut dire que l’arnaque est finement ciselée!

En descendant du taxi nous tombons comme par magie sur Youri, un cubain qui maîtrise le français. C’est le premier que nous rencontrons après 3 semaines à Cuba. Ils nous aborde en disant qu’il nous a vus à la marina la veille car il travaille au bowling. Jusque là rien d’exceptionnel. Il y a un bowling à la marina et il peut nous avoir vus.

Nous engageons la discussion, il est sympathique, nous indique la banque pour que j’y retire les devises nécessaires à notre plein de carburant. Puis, il nous guide dans les rues de Santiago, nous explique l’histoire des bâtiments. Je suis devenu méfiant, et c’est le moment où je me demande quand ça dégénère en demande de monnaie pour le guide non sollicité ou autre chose mais non. Après tout, un cubain bien intentionné, pourquoi pas! Nous devisons des Jineteros, petit nom local des arnaqueurs pour touristes qui sévissent et il s’en indigne copieusement avec nous. Au fil de la discussion nous parlons rhum et cigares, il élude rapidement les cigares qui ne nous intéressent pas mais j’accroche un peu plus sur le rhum car je dois en acheter une bouteille pour faire un cadeau au retour. Il me dit que le meilleur rhum de Santiago est le “Mathusalem”, un rhum de 15 ans d’âge exceptionnel que l’on trouve très cher à la marina ou dans les magasins mais lui peut nous indiquer la coopérative où en acheter moins cher. Je n’insiste pas, je dis peut être et il finit le tour de la ville avec nous. A ce moment je fais tout ce que je peux pour qu’il parte car il est trop collant pour être honnête. Dans le parc Cespedes, le centre de Santiago, nous rencontrons des musiciens très sympathiques qui entrainent les enfants dans leur musique, leur font jouer des maracas, essayer la guitare. Nous restons un long moment et Youri commence à montrer des signes d’impatience. Il finit  par me demander si je suis finalement intéressé par le fameux rhum Mathusalem pas cher et, un peu par curiosité, je suis notre homme dans la “coopérative”. Nous pénétrons en fait dans un appartement particulier et une personne, sortie de nulle part me présente une bouteille de rhum avec un bouchon en plastique qui ne me dit rien qui vaille. Finalement s congé en disant que je reviendrai… Peut être…

Nous laissons là Youri que nous ne reverrons pas.

Quelques minutes plus tard, en allant chercher notre déjeuner, nous tombons sur un autre cubain francophone qui nous montre même sa carte d’identité et son nom de famille d’origine française: Lambert. Il nous dit qu’il savait que des français étaient arrivés à la marina car sa mère y travaille. Nous sommes en train d’attendre nos pizza mais il veut absolument nous faire découvrir le meilleur rhum de Santiago: le Mathusalem. Tiens donc! Il va m’emmener à la coopérative pour que je le paye moins cher. Hum… Déja entendu cette histoire quelque part. Encore une fois, je le suis dans la “coopérative”, en fait l’arrière cour d’un restaurant où cette fois on me fait goûter le précieux nectar…

Je ne suis pas amateur éclairé mais ce que j’ai goûté était tout sauf du 15 ans d’âge. Un rhum vieux, certes, toujours dans une bouteille à bouchon de plastique ce qui, même à Cuba, laisse d’habitude présager un rhum bas de gamme.

Nous en restons là, je dis que je reviendrai malgré l’insistance suspecte de mon nouvel ami francophone et les prix qui baissent: 15 CUC la bouteille (soit le prix d’un 5 ans d’âge dans un magasin à Cuba).

En ressassant cet épisode, la vérité me saute aux yeux. Elle ne vous aura pas échappé non plus car, une fois à plat dans un texte, c’est tellement évident. Evident mais bien construit!

Le francophone amical qui vous fait découvrir la ville, qui justement connaît la marina et vous y a déjà vu, qui glisse dans la conversation qu’il veut vous aider à payer moins cher le meilleur rhum du pays et tente finalement de vous vendre du rhum d’entrée de gamme transvasé dans une bouteille bricolée. On se demande d’ils n’ont pas le même script quelque part dans la poche!

Au final, le fameux Mathusalem ne se retrouve dans aucune boutique de la ville et les bouteilles au dessus de 15 CUC se vendent généralement en carton individuel et portent des bouchons de liège. D’ailleurs les plus vieux rhums que j’ai trouvé ici affichaient 11 ans d’âge et se vendaient 40 CUC la bouteille…

Petite mise à jour après avoir retrouvé Internet: le Rhum Mathusalem existe réellement, c’est un rhum cubain de 15 ans d’âge ou plus. Mais à voir les photos des bouteilles vendues 40€ en France, rien à voir avec les bouteilles bas de gamme des arnaqueurs cubains et leur bouchons en plastique !

fév 12

Pauline a 8 ans!

Il y a 8 ans, nous n’avions pas imaginé que Pauline soufflerait ses 8 bougies à Cuba!! Ce fut donc un anniversaire très particulier pour notre grande fille. Nous étions à La Havane depuis 2 jours, et pour fêter l’événement, nous avons tous fait une balade en calèche autour de la ville pour la plus grande joie des enfants. La place d’honneur près du cocher était bien sûr réservée à Pauline.

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Et pour nous montrer qu’elle était devenue une grande fille, elle a tenu absolument à visiter le Musée de la Révolution avec Stéphane! Au pas de course car nous étions ensuite attendus par le taxi pour retourner à Cienfuegos, et retrouver le bateau.

 

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Nous avons eu le temps de préparer un gâteau, et Pauline a pu souffler ses bougies (que nous avions déjà avec nous heureusement, car çà a aurait été dur d’en trouver à Cuba!).

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fév 12

Tres ninos!!

S’il y a bien une constante dans les quelques contacts que nous pouvons avoir avec les cubains depuis le début de notre escale ici, c’est bien leur première remarque en nous rencontrant. Que ce soit des gens croisés dans la rue, les chauffeurs de taxi, les propriétaires des maisons dans lesquelles nous avons dormi à Trinidad et la Havane, la première remarque est pour s’étonner de notre “famille nombreuse”.

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Alors certes, nous ne croisons que très peu d’autres touristes qui visitent Cuba en famille et les cubains ne doivent pas y être habitués mais nous entendons tellement souvent cette exclamation que nous imaginons qu’elle doit signifier quelque chose par rapport à la composition classique de la famille cubaine.

IMG_7157Après quelques discussions, il semble en effet peu fréquent pour les cubains d’avoir plus d’un enfant. La vie est assez dure ici et il est déjà difficile parfois de manger à sa faim alors nourrir une grande famille semble hors de portée à la plupart des gens. Par conséquent, de voir nos 3 bambins les fait réagir presque immédiatement. A voir leur expression, mélange d’étonnement et d’admiration, on a  presque crû un moment qu’ils allaient nous décerner une médaille et nous mentionner dans la gazette locale!

C’est vrai qu’avec ces 3 là on ne s’ennuie pas vraiment à bord!

Et dire que notre espagnol n’est pas suffisamment perfectionné pour leur dire que nous connaissons en France, des familles de plus de 3 enfants et que finalement, nous n’avons pas l’impression d’être une famille si nombreuse que cela par chez nous!

fév 12

Voitures cubaines made in USA ou le musée auto de 1950 à ciel ouvert

Que l’on se promène à Cienfuegos, la Havane ou Santiago de Cuba, les vieilles voitures américaines des années 50 font partie du paysage. Evidemment, celle de la Havane, souvent des taxis pour touristes sont bichonnées, leurs chromes sont impeccables et à la carrosserie fait oublier leurs 60 ans et leur million de kilomètres au compteur. Mais les “carro americano” ne sont pas que des attractions touristiques car dans tous le pays on croise ces voitures toute droit sorties des années 50 qui roulent et sont entretenues par les cubains passés maîtres dans l’art de la maintenance auto!

Si on commence à voir dans certaines rues de la Havane quelques voitures modernes, surtout asiatiques et françaises, cet héritage des années d’avant la révolution y est pour beaucoup dans l’impression de retour dans le passé qu’on a immédiatement sur l’île.

Voici donc un petit florilège des plus belles voitures, camions et véhicules vintage cubains en tout genre photographiés à la Havane, Trinidad, Cienfuegos et Santiago.

Nous n’avons trouvé les décapotables qu’à la Havane. Elles ne sont utilisées que pour les touristes ce qui est évident quand on sait comment le soleil peut taper en pleine journée!

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Les propriétaires de voitures américaines décapotables en sont très fiers!

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A la Havane, on est pas loin du musée de voitures vintage à ciel ouvert sur certains parkings!

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La police, elle utilise de vieilles motos aux chromes parfaitement lustrés.

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Les cubains sont souvent à l’ouvrage sur leurs voitures qu’ils savent parfaitement entretenir.

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Pour les mariages, pas difficile de trouver la voiture de la marée!

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La couleur rose barbie fait fureur en bord de mer à la Havane!IMG_7294 IMG_7295 IMG_7301

Nous aussi avons eu notre part dans l’américan dream en embarquant dans cette Mercury bleu ciel.

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Tracteurs et camions sont aussi hérités de la période américaine d’avant le révolution cubaine et là aussi, ça brille!

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Mais les américaines ne sont pas les seules vieilles bagnoles qu’on croise ici! On trouve évidemment les voitures préférées du bloc de l’Est à la belle époque comme les Traban ou les Lada. On voit également quelques “Pijot” (Peugeot) des années 80.

Ici une Lada à Trinidad.

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Le charme des petites rues pavées de Trinidad doit beaucoup aux courbes impeccables de ses vieilles voitures.

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L’intérieur est aussi bien entretenu que l’extérieur et l’on y trouve parfois des anachronismes comme des autoradios MP3 ou même des lecteurs DVD!

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fév 12

Promenade dans les rues de la vieille Havane, palais abandonnés et splendeurs du passé colonial

Nous n’avions pas prévu de passer à la Havane en bateau. En effet, situé en face de la Floride et nécessitant un contournement complet de Cuba, le port de la capitale cubaine est bien trop loin pour notre programme.

En revanche, depuis la marina de Cienfuegos, 2h30 de taxi nous permettent de passer 3 jours dans cette superbe ville coloniale qui a été longtemps la première ville de l’Amérique des colonies. La première en importance et la première par l’histoire. C’est en effet à Cuba que Christophe Colomb a atterri pour la première fois sur le continent américain. Persuadé d’avoir trouvé la Chine il faudra quelques années aux conquistadores pour constater leur erreur!

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Toute la vieille ville de la Havane, Habana Vieja, est classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Il existe des palais absolument dans toutes les rues de la vieille ville. Beaucoup sont en très mauvais état et, bien qu’en voie de restauration, les balcons ouvragés, les dentelles de pierre, les façades pastel de bien des édifices sont menacés.

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Néanmoins, cette décrépitude donne un charme fantastique à ces ruelles où l’on croise les hautes silhouettes de ces fantômes de pierre du passé, usés par le temps de l’Histoire. Les styles architecturaux viennent de la vieille Europe et se dressent là comme autant de témoignages d’un autre époque.

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La vieille ville est vivante. On y trouve de nombreux bars ou bodega d’où s’élève la musique cubaine et ses rythmes mambo, salsa ou chachacha. Ici fut inventé le Daiquiri, un cocktail dont Hemingway avait fait son breuvage favori dans un bar célèbre, le Floridia. Outre le Daiquiri, on trouve à tous les coins de rue un barman prêt à vous préparer un bon Mojito ou une Pina Colada.

A la Havane, nous avons changé de stratégie quant à l’hébergement pour éviter les déconvenues de Trinidad. Pas de réservation, pas de contact, guide du routard en poche, nous avons vite fait de trouver une petite chambre chez un vieux monsieur charmant et sa fille à l’étage d’un ancien palais colonial à deux pas de la Calle Obispo, l’artère de la Vieille Havane. Pour la voiture, nous avons également changé notre stratégie et opté pour le “confort” d’une vieille Peugeot des années 90 plutot que de passer 2 heures et demi dans une classique américaine et le bruit qui va avec!

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Dans notre casa particular (chambre chez l’habitant), nous avons même rencontré une Suisse francophone, à la Havane pour un travail photographique. Il y a en effet matière! Quel plaisir d’échanger en français au petit déjeuner!

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Le bâtiment le plus remarquable de la Havane est son capitole qui devrait vous en rappeler un autre, copie qui témoigne de l’époque pendant laquelle la capitale cubaine cherchait à ressembler à son voisin et parrain américain.

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Non loin du capitole, l’académie de danse restaurée récemment élève ses tours ciselées sur le Parque Central. Nous sommes ici dans le coeur historique.

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La Vieille Havane regorge de palais restaurés…

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…mais aussi d’autres qui attentent les aides de l’unesco pour retrouver leur gloire d’antan avant que la nature n’aie repris totalement ses droits sur ces splendeurs d’hier.

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Quand ils sont restaurés, les plus grands palais deviennent des hôtels de luxe pour touriste et les fonds collectés sont réinvestis dans le sauvetage d’autres palais de la ville.

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L’animation dans Havana Vieja est permanente. Au détour de la Place d’Armes, nous croisons un groupe qui donne un avant goût du carnaval cubain et de ses couleurs.

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La musique est omniprésente.

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Première expérience de routard en ville à l’étranger en famille, nous adoptions le snack local tous les midis: la pizza cubaine à 0,5$ pièce payable en monnaie nationale qui ravit les enfants et nous permet d’éviter les restaurants pour touristes hors de prix, surtout à 5!

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Nous poursuivons un peu plus tard notre promenade sur le Prado, une vaste artère plantée et ombragée qui longe des palais superbes et concentre de nombreux artistes cubains: peintres ou sculpteurs sur bois qui fascinent les enfants.

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La récup est également à l’honneur chez cet artiste qui sculpte les composants informatiques! Une souris, une tête de disque dur, une chaine de vélo, quelques cartes électroniques, une fourchette et voila un animal de compagnie parfait pour tout geek qui se respecte! J’ai même hésité à en demander le prix mais il y a fort à parier que 5 mois en bateau auraient passablement rouillé ce volatile 3.0

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Au bout du Prado, on arrive sur l’entrée du chenal du port de la Havane et l’état de la mer ce jour là ne fait pas regretter d’avoir repris notre casquette de terrien pour quelques jours.

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Nous arrivons alors sur le fort qui défendait la ville des attaques des nombreux pirates qui ont cherché à piller la ville.

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Notre tour de la Havane se termine à la place St François d’Assise où nous tombons sur une exposition artistique temporaire venue de Berlin. Sur la place sont installés autant d’ours que de pays dans le monde et chacun est décoré aux couleurs de son pays. Les enfants posent devant l’ours français et le cubain.

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Le lendemain, pour notre dernier jour à la Havane, nous avions décidé de sacrifier à la traditionnelle promenade en calèche qui nous a permis de découvrir ou redécouvrir certains quartiers.

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Enfin, Pauline a insisté pour que nous fassions ensemble le musée de la révolution.

Laissant Anne et les les petits rentrer à la casa particular, nous avons donc parcouru ce qui était le palais présidentiel avant la prise de pouvoir de Fidel Castro et son attaque sur ce même palais pour s’en emparer.

L’ancien symbole du pouvoir de Batista est devenu un musée retraçant toute l’histoire de la révolution, du 26 juillet 1953 au 1er janvier 1959 ainsi que les années suivantes où Fidel Castro a mis en place l’état communiste.

Une petite reconstitution met en scène le Che et Camille Cienfuegos dans la jungle pendant leur progression à travers la montagne cubaine.

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L’exposition est un peu frustre pour un non hispanisant. Beaucoup de panneaux et de fiches ne sont rédigées qu’en espagnol mais on peut y voir des objets liés à la révolution et à ses principaux protagonistes comme des armes, des instrument de radocommunication, des vêtements.

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Evidemment on sert dans ce musée la propagande castriste de rigueur mais la leçon d’histoire est intéressante et Pauline a bien compris la chronologie de la révolution en partageant avec son papa un moment “entre grands”.

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Notre visite à la Havane s’achève et nous repartons après 3 jours d’agréables promenades dans la vieille ville. Nous rejoignons Cienfuegos et Ysun qui nous y a sagement attendu au mouillage et qui n’a pas bougé. Finalement tout s’est bien passé pour lui également. Cela n’a l’air de rien mais laisser le bateau tout seul plusieurs jours sur ancre est quelque chose d’assez angoissant pour un capitaine!

fév 12

La (cyber)navigation en terre communiste, sortez les rames!

Le régime cubain n’est pas connu pour son ouverture sur le monde. Encore aujourd’hui, il n’existe à Cuba qu’un parti unique socialiste communiste et tout opposant qui tente de communiquer d’autres idées ou de s’opposer est réduit au silence de gré ou de force. Il est donc normal que l’espace de liberté qu’est la toile mondiale donne des sueurs froides au régime de Raul Castro.

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Depuis quelques années néanmoins, les cubains “peuvent” avoir une adresse email et “surfer” sur l’intranet cubain et un peu sur internet mais le progrès s’arrête là! Internet n’arrive pas jusque dans les foyers mais se limite à quelques rares points d’accès dans la boutique de l’opérateur telecom d’état: ETCSA. La démocratisation n’est pas au programme puisqu’il en coûte 6€ de l’heure d’utilisation de ces ordinateurs d’un autre âge dotés de navigateurs antédiluviens et peu adaptés aux sites web modernes.

Le touriste vit à peu près la même situation que les cubains sauf qu’il ne s’agit finalement pour nous que d’une coupure limitée dans le temps. Certains hôtels proposent également un point d’accès internet, aux mêmes tarifs mais pour ceux que nous avons testé, ils sont encore plus lents et plus rustiques que les points dans les boutiques ETCSA.

Pour surfer à Cuba, il convient donc d’abord se munir de patience car avant d’utiliser l’ordinateur public, il faut s’insérer dans les longues queues des boutiques ETECSA pour acheter une carte à gratter qui donne un login et un mot de passe utilisés pour minuter et facturer votre temps sur la toile.

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Carte d’une heure d’internet cubain. Comme le montre la photo, il faut savoir rester zen pour se connecter…

Ensuite, il faut qu’un ordinateur en état de fonctionnement soit disponible. Il n’est pas rare que sur 5 machines, seules une ou deux soient utilisables. Enfin il faut aller le plus vite possible pour faire ce que l’on a à faire sur le net alors que la vitesse de connexion est digne de l’internet du début des années 2000 en France. Autant dire que les Facebook,  Twitter ou autres terrains de procrastination habituels sur le web sortent vite du champ de la navigation. En ce qui nous concerne, on se contente de lire nos mails en diagonale, de gérer nos comptes et cartes bleues utilisées pour le voyage et de faire quelques réponses email succinctes et rapides, sans les accents (pour éviter la perte de temps à les chercher sur les claviers espagnols).

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Autant dire que l’on redécouvre à quel point internet a pris une place importante dans notre vie de tous les jours et que les 30 minutes chèrement payées à Cuba sont bien peu comparé au temps moyen que nous pouvons y consacrer habituellement! Et encore! En bateau, nous avons largement déjà réduit notre consommation de web mais jusqu’à maintenant nous trouvions presque toujours un point d’accès wifi, payant ou nom ou une carte SIM avec data à acheter à l’opérateur mobile du Pays.

Pour les cubains, cette quasi inexistence d’accès internet les prive non seulement de la liberté d’expression offerte par le net mais également d’un vecteur de croissance économique. Ce vecteur est à l’œuvre non seulement dans les pays occidentaux mais également dans d’autres pays moins avancés comme l’Inde ou des nations africaines où dans certaines régions il est plus facile d’avoir accès au net qu’à l’eau potable parfois!

Un handicap de plus en terre castriste mais les cubains n’ont pas attendu Facebook pour monter leurs réseaux sociaux! Et ils sont redoutablement efficaces!

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