Ce jeudi nous partons pour la Jamaïque. Il s’agira de la plus longue navigation de notre périple. 3 jours et demi selon nos estimations. Evidemment quand on a un programme de transatlantique ou de tour du monde, 3 jours et demi c’est vraiment une petite navigation mais pour nous, cette traversée occupe une bonne place dans nos esprits. En particulier la capitaine en second m’en parle depuis… 3 ans au moins!
Nous avons finalement décidé de ne pas faire escale à Aruba, la dernière des îles ABC. En effet, nous avons un programme chargé au Nord de l’arc antillais et toute semaine est bonne à prendre! De plus, en lisant les guides, nous n’avons vu à Aruba, ni paysage ou ville exceptionnellement attractif, ni mouillage sympathique d’ailleurs, le mouillage habituel étant en bout de piste de l’aéroport…
Comment prépare-t-on un long bord?
Coté vie à bord de l’équipage, il faut préparer 4 jours de choses faciles à manger et déjà cuisinées. Si on peut imaginer pouvoir faire un plat de pâtes dans une mer calme, une navigation n’est pas non plus adaptée à la préparation de grands festins. C’est également pour cela que nous avons prévu de ne pas être en mer pour Noel.
Par ailleurs, la mer peut être mauvaise et il faut dans ce cas privilégier des choses simples à grignoter: pain et fromage, crackers, biscuits, gâteaux, cakes, …
Côté navigation, c’est un peu plus complexe que de naviguer sur de courtes distances car il faut considérer la météo et son évolution tout au long du trajet. En ce qui nous concerne, nous sommes dans une zone météo plutôt simple. En gros le vent est globalement Est avec des tendances Sud Est et surtout Nord Est en cette saison lorsque l’on remonte au Nord de la Caraïbe.
Choisir le moment du départ reviendra donc à vérifier que l’on ne tombe pas dans une zone/période sans vent (on dit une molle) et vérifier que le vent est bien orienté à l’Est. Un coup d’œil à la hauteur des vagues dans la région permettra également d’avoir une idée de la navigation qui nous attend et éventuellement de retarder le départ si les vagues sont trop hautes.
L’allure à laquelle on navigue a aussi beaucoup d’influence sur le confort de la navigation. Si l’on est travers au vent (vent à 90° du bateau) ou en vent arrière, le bateau avance très bien et on est globalement dans le même sens que les vagues. Si le vent est sur l’avant du bateau, on parle de navigation au près. Cette navigation se fait contre les vagues et est donc bien plus agitée. Qui plus est les catamarans remontent assez mal le vent.
Pour la navigation de demain, le vent est Est Nord Est et nous allons globalement au Nord Ouest. Nous aurons donc le vent sur l’arrière du bateau ou au travers. Il s’agit d’une allure très confortable. Des étapes plus difficiles point de vue allure nous attendent (notamment notre route Est au Sud de Cuba).
Une possibilité aussi pour tracer une route en fonction de la météo est d’utiliser un ordinateur et un logiciel de routage.
Pour résumer, on rentre dans le logiciel le fichier de l’évolution météo que l’on a téléchargé (fichier grib), on rentre les paramètres du bateau (on parle de polaire), le point de départ et d’arrivée et le logiciel trace tout seul la route en fonction du vent, de son évolution et des possibilités techniques du bateau.
Pour notre navigation, j’ai utilisé le logiciel qtVlm qui est gratuit.
Il m’a fallu reconstruire la polaire de Ysun à partir d’informations que j’ai trouvé sur le web et de notre expérience.
Une polaire c’est un graphique ou une série de données qui donne, en fonction de l’angle du vent et de sa force, la vitesse atteignable par le bateau.
Ci dessous par exemple, la polaire de YSUN à 20 noeuds de vent (au près elle doit être un peu pessimiste…). On voit clairement que la vitesse est la meilleure entre 75° et 150° du vent. entre 160° et 170° l’allure n’est pas tenable (il faudrait un spi) et à 180° soit en vent arrière, Ysun fonctionne très bien.
Le logiciel nous sort une trajectoire pas vraiment révolutionnaire par rapport à la ligne droite mais on voit tout de même quelques inflexions dans la trajectoire qui correspondent à des modifications locales de vent pour lesquelles la route en ligne droite nous ferait aller moins vite car avec des angles de vent que le bateau ne peut pas tenir.
Chose intéressante, on paramètre également le logiciel de routage avec le critère de démarrage du moteur. En gros, en dessous de 3 noeuds de vitesse sous voiles, nous allumons un moteur et atteignons la vitesse de 5 noeuds. Charge alors au logiciel de calculer quand il est plus opportun d’allumer les moteurs. En l’occurrence ici, nous allons à Port Antonio au Nord Est de Cuba et nous devrons terminer les 4 dernières heures au moteur.
Le logiciel permet d’estimer avec plus de précision l’heure d’arrivée et donc de partir à la bonne heure pour avoir les bonnes conditions de luminosité.
Dans notre cas, nous partirons de Curacao à la tombée du jour pour arriver à Port Antonio au lever du jour 4 jours plus tard. Ce raisonnement permet aussi d’avoir une réserve dans le cas où nous avançons plus lentement que prévu et de ne pas arriver du nuit.
Si tout va bien nous fêterons Noel au pays de Reggae.
YAPLUKA!
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