Nous n’avions pas prévu de passer à la Havane en bateau. En effet, situé en face de la Floride et nécessitant un contournement complet de Cuba, le port de la capitale cubaine est bien trop loin pour notre programme.
En revanche, depuis la marina de Cienfuegos, 2h30 de taxi nous permettent de passer 3 jours dans cette superbe ville coloniale qui a été longtemps la première ville de l’Amérique des colonies. La première en importance et la première par l’histoire. C’est en effet à Cuba que Christophe Colomb a atterri pour la première fois sur le continent américain. Persuadé d’avoir trouvé la Chine il faudra quelques années aux conquistadores pour constater leur erreur!
Toute la vieille ville de la Havane, Habana Vieja, est classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Il existe des palais absolument dans toutes les rues de la vieille ville. Beaucoup sont en très mauvais état et, bien qu’en voie de restauration, les balcons ouvragés, les dentelles de pierre, les façades pastel de bien des édifices sont menacés.
Néanmoins, cette décrépitude donne un charme fantastique à ces ruelles où l’on croise les hautes silhouettes de ces fantômes de pierre du passé, usés par le temps de l’Histoire. Les styles architecturaux viennent de la vieille Europe et se dressent là comme autant de témoignages d’un autre époque.
La vieille ville est vivante. On y trouve de nombreux bars ou bodega d’où s’élève la musique cubaine et ses rythmes mambo, salsa ou chachacha. Ici fut inventé le Daiquiri, un cocktail dont Hemingway avait fait son breuvage favori dans un bar célèbre, le Floridia. Outre le Daiquiri, on trouve à tous les coins de rue un barman prêt à vous préparer un bon Mojito ou une Pina Colada.
A la Havane, nous avons changé de stratégie quant à l’hébergement pour éviter les déconvenues de Trinidad. Pas de réservation, pas de contact, guide du routard en poche, nous avons vite fait de trouver une petite chambre chez un vieux monsieur charmant et sa fille à l’étage d’un ancien palais colonial à deux pas de la Calle Obispo, l’artère de la Vieille Havane. Pour la voiture, nous avons également changé notre stratégie et opté pour le “confort” d’une vieille Peugeot des années 90 plutot que de passer 2 heures et demi dans une classique américaine et le bruit qui va avec!
Dans notre casa particular (chambre chez l’habitant), nous avons même rencontré une Suisse francophone, à la Havane pour un travail photographique. Il y a en effet matière! Quel plaisir d’échanger en français au petit déjeuner!
Le bâtiment le plus remarquable de la Havane est son capitole qui devrait vous en rappeler un autre, copie qui témoigne de l’époque pendant laquelle la capitale cubaine cherchait à ressembler à son voisin et parrain américain.
Non loin du capitole, l’académie de danse restaurée récemment élève ses tours ciselées sur le Parque Central. Nous sommes ici dans le coeur historique.
La Vieille Havane regorge de palais restaurés…
…mais aussi d’autres qui attentent les aides de l’unesco pour retrouver leur gloire d’antan avant que la nature n’aie repris totalement ses droits sur ces splendeurs d’hier.
Quand ils sont restaurés, les plus grands palais deviennent des hôtels de luxe pour touriste et les fonds collectés sont réinvestis dans le sauvetage d’autres palais de la ville.
L’animation dans Havana Vieja est permanente. Au détour de la Place d’Armes, nous croisons un groupe qui donne un avant goût du carnaval cubain et de ses couleurs.
La musique est omniprésente.
Première expérience de routard en ville à l’étranger en famille, nous adoptions le snack local tous les midis: la pizza cubaine à 0,5$ pièce payable en monnaie nationale qui ravit les enfants et nous permet d’éviter les restaurants pour touristes hors de prix, surtout à 5!
Nous poursuivons un peu plus tard notre promenade sur le Prado, une vaste artère plantée et ombragée qui longe des palais superbes et concentre de nombreux artistes cubains: peintres ou sculpteurs sur bois qui fascinent les enfants.
La récup est également à l’honneur chez cet artiste qui sculpte les composants informatiques! Une souris, une tête de disque dur, une chaine de vélo, quelques cartes électroniques, une fourchette et voila un animal de compagnie parfait pour tout geek qui se respecte! J’ai même hésité à en demander le prix mais il y a fort à parier que 5 mois en bateau auraient passablement rouillé ce volatile 3.0
Au bout du Prado, on arrive sur l’entrée du chenal du port de la Havane et l’état de la mer ce jour là ne fait pas regretter d’avoir repris notre casquette de terrien pour quelques jours.
Nous arrivons alors sur le fort qui défendait la ville des attaques des nombreux pirates qui ont cherché à piller la ville.
Notre tour de la Havane se termine à la place St François d’Assise où nous tombons sur une exposition artistique temporaire venue de Berlin. Sur la place sont installés autant d’ours que de pays dans le monde et chacun est décoré aux couleurs de son pays. Les enfants posent devant l’ours français et le cubain.
Le lendemain, pour notre dernier jour à la Havane, nous avions décidé de sacrifier à la traditionnelle promenade en calèche qui nous a permis de découvrir ou redécouvrir certains quartiers.
Enfin, Pauline a insisté pour que nous fassions ensemble le musée de la révolution.
Laissant Anne et les les petits rentrer à la casa particular, nous avons donc parcouru ce qui était le palais présidentiel avant la prise de pouvoir de Fidel Castro et son attaque sur ce même palais pour s’en emparer.
L’ancien symbole du pouvoir de Batista est devenu un musée retraçant toute l’histoire de la révolution, du 26 juillet 1953 au 1er janvier 1959 ainsi que les années suivantes où Fidel Castro a mis en place l’état communiste.
Une petite reconstitution met en scène le Che et Camille Cienfuegos dans la jungle pendant leur progression à travers la montagne cubaine.
L’exposition est un peu frustre pour un non hispanisant. Beaucoup de panneaux et de fiches ne sont rédigées qu’en espagnol mais on peut y voir des objets liés à la révolution et à ses principaux protagonistes comme des armes, des instrument de radocommunication, des vêtements.
Evidemment on sert dans ce musée la propagande castriste de rigueur mais la leçon d’histoire est intéressante et Pauline a bien compris la chronologie de la révolution en partageant avec son papa un moment “entre grands”.
Notre visite à la Havane s’achève et nous repartons après 3 jours d’agréables promenades dans la vieille ville. Nous rejoignons Cienfuegos et Ysun qui nous y a sagement attendu au mouillage et qui n’a pas bougé. Finalement tout s’est bien passé pour lui également. Cela n’a l’air de rien mais laisser le bateau tout seul plusieurs jours sur ancre est quelque chose d’assez angoissant pour un capitaine!
1 comment
Claire
16 février 2015 à 4 h 23 min (UTC 2) Lier vers ce commentaire
Ces palais font rêver…
Avez vous dansé?